Catalog For You; La Voix de l'Est. UNE PART DE MAGIE ET BEAUCOUP DE TRAVAIL 2022-07-23 - LOUIS-SIMON GAUTHIER ls.gauthier@lenouvelli­ Houle a conquis le coeur de bien des gens, autant des amateurs de cyclisme que des nĂ©ophytes, en s’adjugeant la 16e Ă©tape du Tour de France, mardi dans les PyrĂ©nĂ©es. PierreMarc de Biasi – Pierre Michon, vous avez fait des Ă©tudes de lettres dans les annĂ©es 1970, au moment oĂč commençait Ă  Ă©merger la notion d’intertextualitĂ© : ça doit vous Ă©voquer des Cettelecture (1 h environ) sera suivie par une prĂ©sentation de l'oeuvre de Bernard Manciet, et en particulier de la place de Roncesvals dans celle -ci, par Serge JavaloyĂšs (Ă©crivain d'expression occitane et française, prĂ©sident de l'association des Amis de Bernard Manciet), pour ouvrir Ă  un Ă©change avec le public prĂ©sent. A l'issue de ce moment nous invitons toustes les LAVOIX D'HUGO Par les collĂ©giens, pour les collĂ©giens COLLÈGE VI CTOR HUGO- AUBY AVRI L 2021 NUMERO 3 Les Vies des Ouighours comptent ! Source : DU COLLÈGE SOCIÉTÉ La pauvretĂ© en France & dans le monde Le collĂšge face au Covid 19 Dossier discrimination Le port du voile en France Les ateliers de Mme Guilly SPORT La bike life, la vie DESVOIX COMME ÇA, HUGO EN A EU BEAUCOUP - 11 Lettres - Mots-CroisĂ©s & Mots-FlĂ©chĂ©s et Synonymes des voix comme ça, hugo en a eu beaucoup — Solutions pour Mots flĂ©chĂ©s et mots croisĂ©s Cliquez sur un mot pour dĂ©couvrir sa dĂ©finition. D'autres dĂ©finitions intĂ©ressantes la fin d'hugo Hugo y fait reposer Booz cowGwZ. Accueil Sports Football VAFC Le dĂ©fenseur passĂ© pro cet Ă©tĂ© et fils de Nicolas Rabuel, a vĂ©cu sa premiĂšre titularisation de la saison samedi Ă  Metz 2-0. Et sait bien qu’il devra en faire beaucoup pour qu’on oublie son patronyme. Article rĂ©servĂ© aux abonnĂ©s Article rĂ©servĂ© aux abonnĂ©s Pour lire la suite de cet article Abonnez-vous Ă  partir de 1€ Ă  notre offre numĂ©rique. Sans engagement de durĂ©e. ESSAYER POUR 1€ Vous ĂȘtes dĂ©jĂ  abonnĂ© ou inscrit ? Se connecter L'info en continu 0h13 TV - Streaming Mask Singer» quelles personnalitĂ©s ont Ă©tĂ© dĂ©masquĂ©es dĂšs le premier Ă©pisode? 22h49 Dunkerque Meurtre de Cassel les trois suspects, dont un adolescent de 16 ans mis en examen et incarcĂ©rĂ©s 22h37 France Doctolib l’Ordre des mĂ©decins demande de renforcer les rĂšgles d’inscription 21h59 Hauts-de-France Jonathan Destin, un ambassadeur » qui a fait avancer les choses » 21h45 France Sans le bouclier tarifaire», le gaz coĂ»terait deux fois plus cher en France Toute l'info en continu > La solution Ă  ce puzzle est constituéÚ de 5 lettres et commence par la lettre M Les solutions ✅ pour COMME BEAUCOUP de mots flĂ©chĂ©s et mots croisĂ©s. DĂ©couvrez les bonnes rĂ©ponses, synonymes et autres types d'aide pour rĂ©soudre chaque puzzle Voici Les Solutions de Mots CroisĂ©s pour "COMME BEAUCOUP" 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 Partagez cette question et demandez de l'aide Ă  vos amis! Recommander une rĂ©ponse ? Connaissez-vous la rĂ©ponse? profiter de l'occasion pour donner votre contribution! Similaires Une Note sur la destruction des monuments en France, signĂ©e du mĂȘme nom que les lignes qu’on va lire, a Ă©tĂ© derniĂšrement publiĂ©e, par hasard et avec d’innombrables fautes d’impression, dans un des recueils du Jour de l’An. D’autres recueils et des journaux fort rĂ©pandus ont rĂ©pĂ©tĂ© cette Note, malheureusement avec toutes les fautes d’impression qui en dĂ©figuraient le sens. Dans cet aperçu, Ă©crit en 1825, et d’ailleurs trĂšs incomplet, des nombreuses dĂ©vastations d’édifices nationaux qui se font Ă  la fois, et sans qu’on y songe, sur toute la surface de la France, l’auteur se promettait de revenir souvent sur ce sujet, Ă  propos et hors de propos. Il vient aujourd’hui remplir cette promesse. Il faut le dire et le dire haut, cette dĂ©molition de la vieille France, que nous avons dĂ©noncĂ©e plusieurs fois sous la Restauration, se continue avec plus d’acharnement et de barbarie que jamais. Depuis la rĂ©volution de Juillet, avec la dĂ©mocratie, quelque ignorance a dĂ©bordĂ© et quelque brutalitĂ© aussi. Dans beaucoup d’endroits, le pouvoir local, l’influence municipale, la curatelle communale a passĂ© des gentilshommes qui ne savaient pas Ă©crire aux paysans qui ne savent pas lire. On est tombĂ© d’un cran. En attendant que ces braves gens sachent Ă©peler, ils gouvernent. La bĂ©vue administrative, produit naturel et normal de cette machine de Marly qu’on appelle la centralisation, la bĂ©vue administrative s’engendre toujours comme par le passĂ© du maire au sous-prĂ©fet, du sous-prĂ©fet au prĂ©fet, du prĂ©fet au ministre ; seulement elle est plus grosse. Notre intention est de n’envisager ici qu’une seule des innombrables formes sous lesquelles elle se produit aux yeux du pays Ă©merveillĂ©. Nous ne voulons traiter de la bĂ©vue administrative qu’en matiĂšre de monuments, et encore ne ferons-nous qu’effleurer cet immense sujet que vingt-cinq volumes in-folio n’épuiseraient pas. Chaque jour quelque vieux souvenir de la France s’en va avec la pierre sur laquelle il Ă©tait Ă©crit. » Nous posons donc en fait qu’il n’y a peut-ĂȘtre pas en France Ă  l’heure qu’il est une seule ville, pas un seul chef-lieu d’arrondissement, pas un seul chef-lieu de canton, oĂč il ne se mĂ©dite, oĂč il ne se commence, oĂč il ne s’achĂšve la destruction de quelque monument historique national, soit par le fait de l’autoritĂ© centrale, soit par le fait de l’autoritĂ© locale de l’aveu de l’autoritĂ© centrale, soit par le fait des particuliers sous les yeux et avec la tolĂ©rance de l’autoritĂ© locale. Nous avançons ceci avec la profonde conviction de ne pas nous tromper, et nous en appelons Ă  la conscience de quiconque a fait, sur un point quelconque de la France, la moindre excursion d’artiste et d’antiquaire. Chaque jour quelque vieux souvenir de la France s’en va avec la pierre sur laquelle il Ă©tait Ă©crit. Chaque jour nous brisons quelque lettre du vĂ©nĂ©rable livre de la tradition. Et bientĂŽt, quand la ruine de toutes ces ruines sera achevĂ©e, il ne nous restera plus qu’à nous Ă©crier avec ce Troyen, qui du moins emportait ses dieux Fuit ilion, et ingens Gloria ! Et Ă  l’appui de ce que nous venons de dire, qu’on permette Ă  celui qui Ă©crit ces lignes de citer, entre une foule de documents qu’il pourrait produire, l’extrait d’une lettre Ă  lui adressĂ©e. Il n’en connaĂźt pas personnellement le signataire, qui est, comme sa lettre l’annonce, homme de goĂ»t et de cƓur ; mais il le remercie de s’ĂȘtre adressĂ© Ă  lui. Il ne fera jamais faute Ă  quiconque lui signalera une injustice ou une absurditĂ© nuisible Ă  dĂ©noncer. Il regrette seulement que sa voix n’ait pas plus d’autoritĂ© et de retentissement. Qu’on lise donc cette lettre, et qu’on songe, en la lisant, que le fait qu’elle atteste n’est pas un fait isolĂ©, mais un des mille Ă©pisodes du grand fait gĂ©nĂ©ral, la dĂ©molition successive et incessante de tous les monuments de l’ancienne France. Charleville, 14 fĂ©vrier 1832, Monsieur, Au mois de septembre dernier, je fis un voyage Ă  Laon Aisne mon pays natal. Je l’avais quittĂ© depuis plusieurs annĂ©es aussi, Ă  peine arrivĂ© mon premier soin fut de parcourir la ville
 ArrivĂ© sur la place du Bourg, au moment oĂč mes yeux se levaient sur la vieille tour de Louis d’Outremer, quelle fut ma surprise de la voir de toutes parts bardĂ©e d’échelles, de leviers et de tous les instruments possibles de destruction. Je l’avouerai, cette vue me fit mal. Je cherchais Ă  deviner pourquoi ces Ă©chelles et ces pioches, quand vint Ă  passer M. Th., homme simple et instruit, plein de goĂ»t pour les lettres et fort ami de tout ce qui touche Ă  la science et aux arts. Je lui fis part Ă  l’instant de l’impression douloureuse que me causait la destruction de ce vieux monument. M. Th., qui la partageait, m’apprit que, restĂ© seul des membres de l’ancien conseil municipal, il avait Ă©tĂ© seul pour combattre l’acte dont nous Ă©tions en ce moment tĂ©moins ; que ses efforts n’avaient rien pu. Raisonnements, paroles, tout avait Ă©chouĂ©. Les nouveaux conseillers, rĂ©unis en majoritĂ© contre lui, l’avaient emportĂ©. Pour avoir pris un peu chaudement le parti de cette tour innocente, M. Th. avait Ă©tĂ© mĂȘme accusĂ© de carlisme. Ces messieurs s’étaient Ă©criĂ©s que cette tour ne rappelait que les souvenirs des temps fĂ©odaux, et la destruction avait Ă©tĂ© votĂ©e par acclamation. Bien plus, la ville a offert au soumissionnaire qui se charge de l’exĂ©cution une somme de plusieurs mille francs, les matĂ©riaux en sus. VoilĂ  le prix du meurtre, car c’est un vĂ©ritable meurtre ! M. Th. me fit remarquer sur le mur voisin l’affiche d’adjudication en papier jaune. En tĂȘte Ă©tait Ă©crit en Ă©normes caractĂšres DESTRUCTION DE LA TOUR DITE DE LOUIS D’OUTREMER. Le public est prĂ©venu
 », etc. La tour Louis d’Outremer, dĂ©truite en 1831 Cette tour occupait un espace de quelques toises. Pour agrandir le marchĂ© qui l’avoisine, si c’est lĂ  le but qu’on a cherchĂ©, on pouvait sacrifier une maison particuliĂšre dont le prix n’eĂ»t peut-ĂȘtre pas dĂ©passĂ© la somme offerte au soumissionnaire. Ils ont prĂ©fĂ©rĂ© anĂ©antir la tour. Je suis affligĂ© de le dire Ă  la honte des Laonnois leur ville possĂ©dait un monument rare, un monument des rois de la seconde race ; il n’y en existe plus aujourd’hui un seul. Celui de Louis IV Ă©tait le dernier. AprĂšs un pareil acte de vandalisme, on apprendra quelque jour sans surprise qu’ils dĂ©molissent leur belle cathĂ©drale du XIe siĂšcle, pour faire une halle aux grains. 1 » Les rĂ©flexions abondent et se pressent devant de tels faits. Et d’abord ne voilĂ -t-il pas une excellente comĂ©die ? Vous reprĂ©sentez-vous ces dix ou douze conseillers municipaux mettant en dĂ©libĂ©ration la grande destruction de la tour dite de Louis d’Outremer ? Les voilĂ  tous, rangĂ©s en cercle, et sans doute assis sur la table, jambes croisĂ©es et babouches aux pieds, Ă  la façon des Turcs. Écoutez-les il s’agit d’agrandir le carrĂ© aux choux et de faire disparaĂźtre un monument fĂ©odal. Les voilĂ  qui mettent en commun tout ce qu’ils savent de grands mots depuis quinze ans qu’ils se font anucher le Constitutionnel par le magister de leur village. Ils se cotisent. Les bonnes raisons pleuvent. L’un a arguĂ© de la fĂ©odalitĂ© et s’y tient, l’autre allĂšgue la dĂźme ; l’autre la corvĂ©e ; l’autre les serfs qui battaient l’eau des fossĂ©s pour faire taire les grenouilles ; un cinquiĂšme le droit de jambage et de cuissage ; un sixiĂšme les Ă©ternels prĂȘtres et les Ă©ternels nobles ; un autre les horreurs de la Saint-BarthĂ©lemy, un autre, qui est probablement avocat, les jĂ©suites, puis ceci, puis cela ; puis encore cela et ceci ; et tout est dit la tour de Louis d’Outremer est condamnĂ©e. L’écoutez-vous hasarder quelques mots timides en faveur du vĂ©nĂ©rable monument ? Et voyez-vous l’orage Ă©clater contre lui ? Le voilĂ  qui ploie sous les invectives. » Vous figurez-vous bien, au milieu du grotesque sanhĂ©drin, la situation de ce pauvre homme, reprĂ©sentant unique de la science, de l’art, du goĂ»t, de l’histoire ? Remarquez-vous l’attitude humble et opprimĂ©e de ce paria ? L’écoutez-vous hasarder quelques mots timides en faveur du vĂ©nĂ©rable monument ? Et voyez-vous l’orage Ă©clater contre lui ? Le voilĂ  qui ploie sous les invectives. VoilĂ  qu’on l’appelle de toutes parts carliste, et probablement carisse. Que rĂ©pondre Ă  cela ? C’est fini. La chose est faite. La dĂ©molition du monument des Ăąges de barbarie, est dĂ©finitivement votĂ©e avec enthousiasme, et vous entendez le hurra des baves conseillers municipaux de Laon, qui ont pris d’assaut la tour de Louis d’Outremer ! Croyez-vous que jamais Rabelais, que jamais Hogarth auraient pu trouver quelque part faces plus drolatiques, profils plus bouffons, silhouettes plus rĂ©jouissantes Ă  charbonner sur les murs d’un cabaret ou sur les pages d’une Batrachomyomachie ? Oui, riez. Mais, pendant que les prud’hommes jargonnaient, croassaient et dĂ©libĂ©raient, la vieille tour, si longtemps inĂ©branlable, se sentait trembler dans ses fondements. VoilĂ  tout Ă  coup que, par les fenĂȘtres, par les portes, par les barcabanes, par les meurtriĂšres, par les lucarnes, par les gouttiĂšres, de partout, les dĂ©molisseurs lui sortent comme les vers d’un cadavre. Elle sue des maçons. Ces pucerons la piquent. Cette vermine la dĂ©vore. La pauvre tour commence Ă  tomber pierre Ă  pierre ; ses sculptures se brisent sur le pavĂ© ; elle Ă©clabousse les maisons de ses dĂ©bris ; son flanc s’éventre ; son profil s’ébrĂšche, et le bourgeois inutile, qui passe Ă  cĂŽtĂ©, sans trop savoir ce qu’on lui fait, s’étonne de la voir chargĂ©e de cordes, de poulies et d’échelles plus qu’elle ne le fut jamais par un assaut d’Anglais ou de Bourguignons. Ainsi, pour jeter bas cette tour de Louis d’Outremer, presque contemporaine des tours romaines de l’ancienne Bibrax, pour faire ce que n’avaient fait ni bĂ©liers, ni balistes, ni scorpions, ni catapultes, ni haches, ni dolabres, ni engins, ni bombardes, ni serpentines, ni fauconneaux, ni couleuvrines, ni les boulets de fer des forges de Creil, ni les pierres Ă  bombardes des carriĂšres de PĂ©ronne, ni le canon, ni le tonnerre, ni la tempĂȘte, ni la bataille, ni le feu des hommes, ni le feu du ciel, il a suffi au XIXe siĂšcle, merveilleux progrĂšs !, d’une plume d’oie, promenĂ©e Ă  peu prĂšs au hasard sur une feuille de papier par quelques infiniment petits ! MĂ©chante plume d’un conseil municipal du vingtiĂšme ordre ! Plume qui formule boiteusement les fetfas imbĂ©ciles d’un divan de paysans ! Plume imperceptible du sĂ©nat de Lilliput ! Plume qui fait des fautes de français ! Plume qui ne sait pas l’orthographe ! Plume qui, Ă  coup sĂ»r, a tracĂ© plus de croix que de signatures au bas de l’inepte arrĂȘtĂ© ! Et la tour a Ă©tĂ© dĂ©molie ! et cela s’est fait ! et la ville a payĂ© pour cela ! on lui a volĂ© sa couronne, et elle a payĂ© le voleur ! Quel nom donner Ă  toutes ces choses ? Et, nous le rĂ©pĂ©tons, pour qu’on y songe bien, le fait de Laon n’est pas un fait isolĂ©. À l’heure oĂč nous Ă©crivons, il n’est pas un point en France oĂč il ne se passe quelque chose d’analogue. C’est plus ou c’est moins, c’est peu ou c’est beaucoup, c’est petit ou c’est grand, mais c’est toujours et partout du vandalisme. La liste des dĂ©molitions est inĂ©puisable ; elle a Ă©tĂ© commencĂ©e par nous et par d’autres Ă©crivains qui ont plus d’importance que nous. Il serait facile de la grossir il serait impossible de la clore. On vient de voir une prouesse de conseil municipal. Ailleurs, c’est un maire qui dĂ©place un peulven pour marquer la limite du champ communal ; c’est un Ă©vĂȘque qui ratisse et badigeonne sa cathĂ©drale ; c’est un prĂ©fet qui jette bas une abbaye du XIVe siĂšcle pour dĂ©masquer les fenĂȘtres de son salon ; c’est un artilleur qui rase un cloĂźtre de 1460 pour rallonger un polygone ; c’est un adjoint qui fait du sarcophage de ThĂ©odeberthe une auge aux pourceaux. Nous pourrions citer les noms. Nous en avons pitiĂ©. Nous les taisons. Cependant il ne mĂ©rite pas d’ĂȘtre Ă©pargnĂ©, ce curĂ© de FĂ©camp qui a fait dĂ©molir le jubĂ© de son Ă©glise, donnant pour raison que ce massif incommode, ciselĂ© et fouillĂ© par les mains miraculeuses du XVe siĂšcle, privait ses paroissiens du bonheur de le contempler, lui curĂ©, dans sa splendeur Ă  l’autel. Le maçon qui a exĂ©cutĂ© l’ordre du bĂ©at s’est fait des dĂ©bris du jubĂ© une admirable maisonnette qu’on peut voir Ă  FĂ©camp. Quelle honte ! qu’est devenu le temps oĂč le prĂȘtre Ă©tait le suprĂȘme architecte ? Maintenant le maçon enseigne le prĂȘtre ! Le vandalisme a ses journaux, ses coteries, ses Ă©coles, ses chaires, son public, ses raisons. Le vandalisme a pour lui les bourgeois. » N’y a-t-il pas aussi un dragon ou un housard qui veut faire de l’église de Brou, de cette merveille, son grenier Ă  foin, et qui en demande ingĂ©nument la permission au ministre ? N’était-on pas en train de gratter du haut en bas la belle cathĂ©drale d’Angers, quand le tonnerre est tombĂ© sur la flĂšche, noire et intacte encore, et l’a brĂ»lĂ©e, comme si le tonnerre avait eu, lui, de l’intelligence, et avait mieux aimĂ© abolir le vieux clocher que de le laisser Ă©gratigner par des conseillers municipaux ! Un ministre de la Restauration n’a-t-il pas rognĂ© Ă  Vincennes ses sept tours, et Ă  Toulouse ses beaux remparts ? N’y a-t-il pas eu Ă  Saint-Omer un prĂ©fet qui a dĂ©truit aux trois quarts les magnifiques ruines de Saint-Bertin, sous prĂ©texte de donner du travail aux ouvriers ? DĂ©rision ! Si vous ĂȘtes des administrateurs tellement mĂ©diocres, des cerveaux tellement stĂ©riles qu’en prĂ©sence des routes Ă  ferrer, des canaux Ă  creuser, des rues Ă  macadamiser, des ports Ă  curer, des landes Ă  dĂ©fricher, des Ă©coles Ă  bĂątir, vous ne sachiez que faire de vos ouvriers, du moins ne leur jetez pas comme une proie nos Ă©difices nationaux Ă  dĂ©molir, ne leur dites pas de se faire du pain avec ces pierres ; partagez-les plutĂŽt, ces ouvriers, en deux bandes, que toutes deux creusent un grand trou, et que chacune ensuite comble le sien avec la terre de l’autre. Et puis payez-leur ce travail. VoilĂ  une idĂ©e. J’aime mieux l’inutile que le nuisible. À Paris, le vandalisme fleurit et prospĂšre sous nos yeux. Le vandalisme est architecte. Le vandalisme se carre et se prĂ©lasse. Le vandalisme est fĂȘtĂ©, applaudi, encouragĂ©, admirĂ©, caressĂ©, protĂ©gĂ©, consultĂ©, subventionnĂ©, dĂ©frayĂ©, naturalisĂ©. Le vandalisme est entrepreneur de travaux pour le compte du gouvernement. Il s’est installĂ© sournoisement dans le budget, et il le grignote Ă  petit bruit, comme le rat son fromage. Et certes, il gagne bien son argent. Tous les jours il dĂ©molit quelque chose du peu qui nous reste de cet admirable vieux Paris. Que sais-je ? le vandalisme a badigeonnĂ© Notre-Dame, le vandalisme a retouchĂ© les tours du palais de justice, le vandalisme a rasĂ© Saint-Magloire, le vandalisme a dĂ©truit le cloĂźtre des Jacobins, le vandalisme a amputĂ© deux flĂšches sur trois Ă  Saint-Germain-des-PrĂ©s. Nous parlerons peut-ĂȘtre dans quelques instants des Ă©difices qu’il bĂątit. Le vandalisme a ses journaux, ses coteries, ses Ă©coles, ses chaires, son public, ses raisons. Le vandalisme a pour lui les bourgeois. Il est bien nourri, bien rentĂ©, bouffi d’orgueil, presque savant, trĂšs classique, bon logicien, fort thĂ©oricien, joyeux, puissant, affable au besoin, beau parleur, et content de lui. Il tranche du MĂ©cĂšne. Il protĂšge les jeunes talents. Il est professeur. Il donne de grand prix d’architecture. Il envoie des Ă©lĂšves Ă  Rome. Il est dĂ©putĂ©, et il refuse Ă  Ingres les fresques de la Chambre pour les adjuger Ă  on ne sait qui. Il porte habit brodĂ©, Ă©pĂ©e au cĂŽtĂ© et culotte française. Il est de l’Institut. Il va Ă  la cour. Il donne le bras au roi, et flĂąne avec lui dans les rues, lui soufflant ses plans Ă  l’oreille. Vous avez dĂ» le rencontrer. Quelquefois il se fait propriĂ©taire, et il change la tour magnifique de Saint-Jacques-de-la-Boucherie en fabrique de plomb de chasse, impitoyablement fermĂ©e Ă  l’antiquaire fureteur ; et il fait de la nef de Saint-Pierre-aux-BƓufs un magasin de futailles vides, de l’HĂŽtel de Sens une Ă©curie Ă  rouliers, de la maison de la Couronne d’Or une draperie, de la chapelle de Cluny une imprimerie. Quelquefois il se fait peintre en bĂątiments et il dĂ©molit Saint-Landry pour construire sur l’emplacement de cette simple et belle Ă©glise une grande et laide maison qui ne se loue pas. Quelquefois il se fait greffier, et il encombre de paperasses la Sainte-Chapelle, cette Ă©glise qui sera la plus admirable parure de Paris, quand il aura dĂ©truit Notre-Dame. Quelquefois il se fait spĂ©culateur, et dans la nef dĂ©shonorĂ©e de Saint-BenoĂźt, il emboĂźte violemment un théùtre, et quel théùtre ! Opprobre ! Le cloĂźtre saint, docte et grave des bĂ©nĂ©dictins, mĂ©tamorphosĂ© en je ne sais quel mauvais lieu littĂ©raire ! La tour de Saint-Jacques-de-la-Boucherie Sous la Restauration, il prenait ses aises et s’ébattait d’une maniĂšre aussi aimable, nous en convenons. Chacun se rappelle comment le vandalisme, qui alors aussi Ă©tait architecte du roi, a traitĂ© la cathĂ©drale de Reims. Un homme d’honneur, de science et de talent, M. Vitet, a dĂ©jĂ  signalĂ© le fait. Cette cathĂ©drale est, comme on sait, chargĂ©e du haut en bas de sculptures excellentes qui dĂ©bordent de toutes parts son profil. À l’époque du sacre de Charles X, le vandalisme, qui est bon courtisan, eut peur qu’une pierre ne se dĂ©tachĂąt par aventure de toutes ces sculptures en surplomb, et ne vĂźnt tomber incongrĂ»ment sur le roi au moment oĂč sa majestĂ© passerait ; et sans pitiĂ©, et Ă  grands coups de maillet, et trois grands mois durant, il Ă©barba la vieille Ă©glise ! – Celui qui Ă©crit ceci a chez lui un dĂ©bris curieux de cette exĂ©cution. Depuis juillet, il en a fait une autre qui peut servir de pendant Ă  celle-lĂ , c’est l’exĂ©cution du jardin des Tuileries. Nous reparlerons quelque jour et longuement de ce bouleversement barbare. Nous ne le citons ici que pour mĂ©moire. Mais qui n’a haussĂ© les Ă©paules en passant devant ces deux petits enclos usurpĂ©s sur une promenade publique ? On a fait mordre au roi le jardin des Tuileries, et voilĂ  les deux bouchĂ©es qu’il se rĂ©serve. Toute l’harmonie d’une Ɠuvre royale et tranquille est troublĂ©e, la symĂ©trie des parterres est Ă©borgnĂ©e, les bassins entaillent la terrasse, c’est Ă©gal, on a ses deux jardinets. Que dirait-on d’un fabricant de vaudevilles qui se taillerait un couplet ou deux dans les chƓurs d’Athalie ! Les Tuileries, c’était l’Athalie de Le NĂŽtre. Le vandalisme a son idĂ©e Ă  lui. Il veut faire tout Ă  travers Paris une grande, grande, grande rue. Une rue d’une lieue ! Que de magnifiques dĂ©vastations chemin faisant ! » On dit que le vandalisme a dĂ©jĂ  condamnĂ© notre vieille et irrĂ©parable Ă©glise de Sant-Germain-l’Auxerrois. Le vandalisme a son idĂ©e Ă  lui. Il veut faire tout Ă  travers Paris une grande, grande, grande rue. Une rue d’une lieue ! Que de magnifiques dĂ©vastations chemin faisant ! Saint-Germain-l’Auxerrois y passera, l’admirable tour de Saint-Jacques-de-la-Boucherie y passera peut-ĂȘtre aussi. Mais qu’importe ! Une rue d’une lieue ! Comprenez-vous comme cela sera beau ! Une ligne droite tirĂ©e du Louvre Ă  la barriĂšre du TrĂŽne ! D’un bout de la rue, de la barriĂšre, on contemplera la façade du Louvre. Il est vrai que tout le mĂ©rite de la colonnade de Perrault est dans ses proportions et que ce mĂ©rite s’évanouira dans la distance ; mais qu’est-ce que cela fait ? on aura une rue d’une lieue ! De l’autre bout, du Louvre, on verra la barriĂšre du TrĂŽne, les deux colonnes proverbiales que vous savez, maigres, fluettes et risibles comme les jambes de Potier. Ô merveilleuse perspective ! EspĂ©rons que ce burlesque projet ne s’accomplira pas. Si l’on essayait de le rĂ©aliser, espĂ©rons qu’il y aura une Ă©meute d’artistes. Nous y pousserons de notre mieux. Les dĂ©vastateurs ne manquent jamais de prĂ©textes. Sous la Restauration, on gĂątait, on mutilait, on dĂ©figurait, on profanait les Ă©difices catholiques du Moyen Âge, le plus dĂ©votement du monde. La congrĂ©gation avait dĂ©veloppĂ© sur les Ă©glises la mĂȘme excroissance que sur la religion. Le sacrĂ©-cƓur s’était fait marbre, bronze, badigeonnage et bois dorĂ©. Il se produisait le plus souvent dans les Ă©glises sous la forme d’une petite chapelle peinte, dorĂ©e, mystĂ©rieuse, Ă©lĂ©giaque, pleine d’anges bouffis, coquette, galante, ronde et Ă  faux jour, comme celle de Saint-Sulpice. Pas de cathĂ©drale, pas de paroisse en France Ă  laquelle il ne poussĂąt, soit au front, soit au cĂŽtĂ© une chapelle de ce genre. Cette chapelle constituait pour les Ă©glises une vĂ©ritable maladie. C’était la verrue de Saint-Acheul. Une Ă©glise, c’est le fanatisme ; un donjon, c’est la fĂ©odalitĂ©. On dĂ©nonce un monument, on massacre un tas de pierres, septembrise des ruines. À peine si nos pauvres Ă©glises parviennent Ă  se sauver en prenant cocarde. » Depuis la rĂ©volution de Juillet, les profanations continuent, plus funestes et plus mortelles encore, et avec d’autres semblants. Au prĂ©texte dĂ©vot a succĂ©dĂ© le prĂ©texte national, libĂ©ral, patriote, philosophe, voltairien. On ne restaure plus, on ne gĂąte plus, on n’enlaidit plus un monument, on le jette bas. Et l’on a de bonnes raisons pour cela. Une Ă©glise, c’est le fanatisme ; un donjon, c’est la fĂ©odalitĂ©. On dĂ©nonce un monument, on massacre un tas de pierres, septembrise des ruines. À peine si nos pauvres Ă©glises parviennent Ă  se sauver en prenant cocarde. Pas une Notre-Dame en France, si colossale, si vĂ©nĂ©rable, si magnifique, si impartiale, si historique, si calme et si majestueuse qu’elle soit, qui n’ait son petit drapeau tricolore sur l’oreille. Quelquefois on sauve une admirable Ă©glise en Ă©crivant dessus Mairie. Rien de moins populaire parmi nous que ces sublimes Ă©difices faits par le peuple et pour le peuple. Nous leur en voulons de tous ces crimes des temps passĂ©s dont ils ont Ă©tĂ© les tĂ©moins. Nous voudrions effacer le tout de notre histoire. Nous dĂ©vastons, nous pulvĂ©risons, nous dĂ©truisons, nous dĂ©molissons par esprit national. À force d’ĂȘtre bons français, nous devenons d’excellents welches. Dans le nombre, on rencontre certaines gens auxquels rĂ©pugne ce qu’il y a d’un peu banal dans le magnifique pathos de Juillet, et qui applaudissent aux dĂ©molisseurs par d’autres raisons, des raisons doctes et importantes, des raisons d’économiste et de banquier. À quoi servent ces monuments ? disent-ils. Cela coĂ»te des frais d’entretien, et voilĂ  tout. Jetez-les Ă  terre et vendez les matĂ©riaux. C’est toujours cela de gagnĂ©. Sous le pur rapport Ă©conomique, le raisonnement est mauvais. Nous l’avons dĂ©jĂ  Ă©tabli dans la note citĂ©e plus haut, ces monuments sont des capitaux. Un grand nombre d’entre eux, dont la renommĂ©e attire les Ă©trangers riches en France, rapportent au pays au-delĂ  de l’intĂ©rĂȘt de l’argent qu’ils ont coĂ»tĂ©. Les dĂ©truire, c’est priver le pays d’un revenu. Mais quittons ce point de vue aride, et raisonnons de plus haut. Depuis quand ose-t-on, en pleine civilisation, questionner l’art sur son utilitĂ© ? Malheur Ă  vous si vous ne savez pas Ă  quoi l’art sert ! On n’a rien de plus Ă  vous dire. Allez ! dĂ©molissez ! utilisez ! Faites des moellons avec Notre-Dame de Paris. Faites des gros sous avec la Colonne. D’autres acceptent et veulent l’art, mais Ă  les entendre, les monuments du Moyen Âge sont des constructions de mauvais goĂ»t, des Ɠuvres barbares, des monstres en architecture, qu’on ne saurait trop vite et trop soigneusement abolir. À ceux-lĂ  non plus il n’y a rien Ă  rĂ©pondre. C’en est fini d’eux. La Terre a tournĂ©, le monde a marchĂ© depuis eux ; ils ont les prĂ©jugĂ©s d’un autre siĂšcle ; ils ne sont plus de la gĂ©nĂ©ration qui voit le Soleil. Car, il faut bien que les oreilles de toute grandeur s’habituent Ă  l’entendre dire et redire, en mĂȘme temps qu’une glorieuse rĂ©volution politique s’est accomplie dans la sociĂ©tĂ©, une glorieuse rĂ©volution intellectuelle s’est accomplie dans l’art. VoilĂ  vingt-cinq ans que Charles Nodier et madame de StaĂ«l l’ont annoncĂ©e en France ; et s’il Ă©tait permis de citer un nom obscur aprĂšs ces noms cĂ©lĂšbres, nous ajouterions que voilĂ  quatorze ans que nous luttons pour elle. Maintenant elle est faite. Le ridicule duel des classiques et des romantiques s’est arrangĂ© de lui-mĂȘme, tout le monde Ă©tant Ă  la fin du mĂȘme avis. Il n’y a plus de question. Tout ce qui a de l’avenir est pour l’avenir. À peine y a-t-il encore, dans l’arriĂšre-parloir des collĂšges, dans la pĂ©nombre des acadĂ©mies, quelques bons vieux enfants qui font joujou dans leur coin avec les poĂ©tiques et les mĂ©thodes d’un autre Ăąge ; qui poĂštes, qui architectes ; celui-ci s’ébattant avec les trois unitĂ©s, celui-lĂ  avec les cinq ordres ; les uns gĂąchant du plĂątre selon Vignole, les autres gĂąchant des vers selon Boileau. Cela est respectable. N’en parlons plus. Or, dans ce renouvellement complet de l’art et de la critique, la cause de l’architecture du Moyen Âge, plaidĂ©e sĂ©rieusement pour la premiĂšre fois depuis trois siĂšcles, a Ă©tĂ© gagnĂ©e en mĂȘme temps que la bonne cause gĂ©nĂ©rale, gagnĂ©e par toutes les raisons de la science, gagnĂ©e par toutes les raisons de l’histoire, gagnĂ©e par toutes les raisons de l’art, gagnĂ©e par l’intelligence, par l’imagination et par le cƓur. Ne revenons donc pas sur la chose jugĂ©e et bien jugĂ©e ; et disons de haut au gouvernement, aux communes, aux particuliers, qu’ils sont responsables de tous les monuments nationaux que le hasard met dans leurs mains. Nous devons compte du passĂ© Ă  l’avenir. Posteri, posteri, vestra res agitur. Il y a deux choses dans un Ă©difice son usage et sa beautĂ©. Son usage appartient au propriĂ©taire, sa beautĂ© Ă  tout le monde, Ă  vous, Ă  moi, Ă  nous tous. Donc, le dĂ©truire c’est dĂ©passer son droit. » Quant aux Ă©difices qu’on nous bĂątit pour ceux qu’on nous dĂ©truit, nous ne prenons pas le change ; nous n’en voulons pas. Ils sont mauvais. L’auteur de cette note maintient tout ce qu’il a dit ailleurs 2 sur les monuments modernes du Paris actuel. Il n’a rien de plus doux Ă  dire des monuments en construction. Que nous importent les trois ou quatre petites Ă©glises cubiques que vous bĂątissez piteusement çà et lĂ  ? Laissez donc crouler votre ruine du quai d’Orsay avec ses lourds cintres et ses vilaines colonnes engagĂ©es ! Laissez crouler votre palais de la Chambre des dĂ©putĂ©s, qui ne demandait pas mieux ! N’est-ce pas une insulte au lieu-dit École des beaux-arts que cette construction hybride et fastidieuse dont l’épure a si longtemps sali le pignon de la maison voisine, Ă©talant effrontĂ©ment sa nuditĂ© et sa laideur Ă  cĂŽtĂ© de l’admirable façade du chĂąteau de Gaillon ? Sommes-nous tombĂ©s Ă  ce point de misĂšre qu’il nous faille absolument admirer les barriĂšres de Paris ? Y a-t-il rien au monde de plus bossu et de plus rachitique que votre monument expiatoire ah ! çà, dĂ©cidĂ©ment, qu’est-ce qu’il expie ? de la rue de Richelieu ? N’est-ce pas une belle chose, en vĂ©ritĂ©, que votre Madeleine, ce tome deux de la Bourse, avec son lourd tympan qui Ă©crase sa maigre colonnade ? Oh ! qui me dĂ©livrera des colonnades ! De grĂące, employez mieux nos millions. Ne les employez mĂȘme pas Ă  parfaire le Louvre. Vous voudriez achever d’enclore ce que vous appelez le parallĂ©logramme du Louvre. Mais nous vous prĂ©venons que ce parallĂ©logramme est un trapĂšze ; et pour un trapĂšze, c’est trop d’argent. D’ailleurs, le Louvre, hors ce qui est de la Renaissance, le Louvre, voyez-vous, n’est pas beau. Il ne faut pas admirer et continuer, comme si c’était de droit divin, tous les monuments du XVIIe siĂšcle, quoiqu’ils vaillent mieux que ceux du XVIIIe, et surtout que ceux du XIXe. Quel que soit leur bon air, quelle que soit leur grande mine, il en est des monuments de Louis XIV comme de ses enfants. Il y en a beaucoup de bĂątards. Le Louvre, dont les fenĂȘtres entaillent l’architrave, le Louvre est de ceux-lĂ . S’il est vrai, comme nous le croyons, que l’architecture, seule entre tous les arts, n’ait plus d’avenir, employez vos millions Ă  conserver, Ă  entretenir, Ă  Ă©terniser les monuments nationaux et Ă  racheter ceux qui sont aux particuliers. La rançon sera modique. Vous les aurez Ă  bon marchĂ©. Tel propriĂ©taire ignorant vendra le ParthĂ©non pour le prix de la pierre. Faites rĂ©parer ces beaux et graves Ă©difices. Faites-les rĂ©parer avec soin, avec intelligence, avec sobriĂ©tĂ©. Vous avez autour de vous des hommes de science et de goĂ»t qui vous Ă©claireront dans ce travail. Surtout, que l’architecte-restaurateur soit frugal de ses propres imaginations ; qu’il Ă©tudie curieusement le caractĂšre de chaque Ă©difice, selon chaque siĂšcle et chaque climat. Qu’il se pĂ©nĂštre de la ligne gĂ©nĂ©rale et de la ligne particuliĂšre du monument qu’on lui met entre les mains ; et qu’il sache habilement souder son gĂ©nie au gĂ©nie de l’architecte ancien. Vous tenez les communes en tutelle, dĂ©fendez-leur de dĂ©molir. Quant aux particuliers, quant aux propriĂ©taires qui voudraient s’entĂȘter Ă  dĂ©molir, que la loi le leur dĂ©fende ; que leur propriĂ©tĂ© soit estimĂ©e, payĂ©e et adjugĂ©e Ă  l’État. Qu’on nous permette de transcrire ici ce que nous avons dĂ©jĂ  dit Ă  ce sujet dans notre premiĂšre Note sur la destruction des monuments Il faut arrĂȘter le marteau qui mutile la face du pays. Une loi suffirait. Qu’on la fasse. Quels que soient les droits de la propriĂ©tĂ©, la destruction d’un Ă©difice historique et monumental ne doit pas ĂȘtre permise Ă  ces ignobles spĂ©culateurs que leur intĂ©rĂȘt aveugle sur leur honneur ; misĂ©rables hommes, et si imbĂ©ciles qu’ils ne comprennent mĂȘme pas qu’ils sont des barbares ! Il y a deux choses dans un Ă©difice son usage et sa beautĂ©. Son usage appartient au propriĂ©taire, sa beautĂ© Ă  tout le monde, Ă  vous, Ă  moi, Ă  nous tous. Donc, le dĂ©truire c’est dĂ©passer son droit. Ceci est une question d’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, d’intĂ©rĂȘt national. Tous les jours, quand l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral Ă©lĂšve la voix, la loi fait taire les glapissemens de l’intĂ©rĂȘt privĂ©. La propriĂ©tĂ© particuliĂšre a Ă©tĂ© souvent et est encore Ă  tous moments modifiĂ©e dans le sens de la communautĂ© sociale. On vous achĂšte de force votre champ pour en faire une place, votre maison pour en faire un hospice. On vous achĂštera votre monument. S’il faut une loi, rĂ©pĂ©tons-le, qu’on la fasse. Ici, nous entendons les objections s’élever de toutes parts Est-ce que les chambres ont le temps ? Une loi pour si peu de chose ! Pour si peu de chose ! Comment ! nous avons quarante-quatre mille lois dont nous ne savons que faire, quarante-quatre mille lois sur lesquelles il y en a Ă  peine dix de bonnes. Tous les ans, quand les Chambres sont en chaleur, elles en pondent par centaines, et, dans la couvĂ©e, il y en a tout au plus deux ou trois qui naissent viables. On fait des lois sur tout, pour tout, contre tout, Ă  propos de tout. Pour transporter les cartons de tel ministĂšre d’un cĂŽtĂ© de la rue de Grenelle Ă  l’autre, on fait une loi. Et une loi pour les monuments, une loi pour l’art, une loi pour la nationalitĂ© de la France, une loi pour les souvenirs, une loi pour les cathĂ©drales, une loi pour les plus grands produits de l’intelligence humaine, une loi pour l’Ɠuvre collective de nos pĂšres, une loi pour l’histoire, une loi pour l’irrĂ©- parable qu’on dĂ©truit, une loi pour ce qu’une nation a de plus sacrĂ© aprĂšs l’avenir, une loi pour le passĂ©, cette loi juste, bonne, excellente, sainte, utile, nĂ©cessaire, indispensable, urgente, on n’a pas le temps, on ne la fera pas ! Risible ! risible ! risible ! 1. Nous ne publions pas le nom du signataire de la lettre, n’y Ă©tant point formellement autorisĂ© par lui, mais nous le tenons en rĂ©serve pour notre garantie. Nous avons cru devoir aussi retrancher les passages qui n’étaient que l’expression trop bienveillante de la sympathie de notre correspondant pour nous personnellement. 2. Notre-Dame de Paris. L’ENQUETE ET LA BANDE-SON COMMENTEE En guise de prologue un OVNI Ă  Cannes Jean-Luc Godard a reçu le prix du Jury Ă  Cannes, ex aequo avec le jeune Canadien Xavier Dolan pour Mommy le couronnement de deux gĂ©nĂ©rations, celui d’une lĂ©gende du cinĂ©ma et d’un jeune talent. MĂȘme si le prix du Jury n’est pas la plus haute marche du podium Ă©quivalent d’une mĂ©daille de bronze dans la hiĂ©rarchie olympique, c’est bien un passage symbolique de relais qui a Ă©tĂ© honorĂ©. Et Cannes qui avait jusque-lĂ  boudĂ© son fils rebelle, s’honore de mettre fin Ă  ce dĂ©samour et d’accueillir en son sein, le fils prodigue. MĂȘme si tardivement et mĂȘme si les rĂ©serves ont fusĂ© entendu sur une radio, avec un fort accent amĂ©ricain, cette rĂ©flexion Godard est un gĂ©nie ! Il a fait des bons films et des moins bons films. C’est un moins bon film... », un commentaire qui me convient. Reste que Jean-Luc Godard appartient Ă  la grande famille du cinĂ©ma et qu’il a marquĂ© son art, de façon indĂ©lĂ©bile. Le laisser repartir, une nouvelle fois, sans distinction, aurait Ă©tĂ© une grande erreur pour l’Institution du Festival qui se devait d’accrocher Jean-Luc Godard Ă  son palmarĂšs. Dans le champ littĂ©raire, Gaston Gallimard avait aussi tardĂ© Ă  reconnaĂźtre le talent d’un Proust ou d’un CĂ©line... Avant mĂȘme cette distinction, nous avions dĂ©cidĂ© de mener l’enquĂȘte, Ă  la maniĂšre d’une enquĂȘte policiĂšre, de recueillir et analyser les indices et piĂšces Ă  conviction diverses laissĂ©s intentionnellement ou non par les divers protagonistes de l’affaire. La plupart des commentaires soulignent, en effet, le caractĂšre insolite du film. Pointe parfois le Ă  un objet qui Ă©chappe largement Ă  la comprĂ©hension rationnelle, demeure le mystĂšre. C’est cette part de mystĂšre que nous avons eu envie d’explorer en marge des articles de la presse Jean-Luc Godard perturbe Ă  nouveau la Croisette avec "Adieu au langage" » "Adieu au langage" Cannes tente de dĂ©crypter le dernier Godard... » cannes2014- Adieu au langage, apprendre Ă  parler Godard » "Adieu au Langage", l’ovni philosophique de Jean-Luc Godard » Cannes 2014 "Adieu au langage", la surprise de Godard en 3D » Adieu au langage Jean-Luc Godard nous laisse sans voix » “Adieu au langage” la poĂ©tique technologique de Godard fonctionne encore » "Adieu au langage" de Jean-Luc Godard aussi gĂ©nial qu’épuisant... » “Adieu au langage” de Godard mĂȘme “chaotique”, il charme la presse Ă©trangĂšre » Cannes 2014N°44 - Adieu au langage de Godard, un "film punk impressionniste". » - Attention, c’est un jugement positif, Ă©mis par l’un des acteurs du film, Christian Gregori. L’affaire a dĂ©butĂ© ainsi pour le public, comme un fait divers sur la Croisette Insolite, Ă©trange comme un d’ailleurs ? D’oĂč ? Du laboratoire du maĂźtre en Suisse, Ă  Rolle sur les bords du Lac LĂ©man. Des acteurs inconnus pour le moment en guise de petits hommes verts. Ils nous ressemblent une femme mariĂ©e, prĂ©cise Godard dans ses explications sur le synopsis, un homme libre, prĂ©cise Ă©galement Godard, se rencontrent, se dĂ©chirent. Il y a du sang et des larmes - au moins mĂ©taphoriques pour les larmes les mĂ©taphores abondent comme dans un univers parallĂšle au rĂ©el. Au milieu, un chien, qui assure le lien entre les humains quand les liens se dĂ©font ou sont rompus - il a son nom au gĂ©nĂ©rique Roxy MiĂ©ville ! Le patronyme d’Anne-Marie, la compagne de Godard. Et Roxy est le propre chien de Godard. Dans les scĂšnes d’intĂ©rieur, la femme est nue comme aux premiers jours du monde - comme les animaux qui ne connaissent pas la nuditĂ©. Nombreuses maximes en voix off. Un montage syncopĂ©, fait de plans animĂ©s ou fixes qui s’enchaĂźnent sans lien apparent, ponctuĂ© de sons parfois stridents, saturĂ©s, interrompus brutalement. Comme une plongĂ©e mĂ©taphorique dans l’univers chaotique des temps premiers aussi bien que les temps historiques Flashes sur Hitler, la guerre ! Les images se succĂšdent et s’enchevĂȘtrent, en dĂ©sordre apparent, comme celles de la pensĂ©e, affranchie du temps, comme peut-ĂȘtre les pensĂ©es du rĂ©alisateur, se promenant sur les bords du Lac LĂ©man en compagnie de son chien Roxy. Les saisons se succĂšdent au bord du Lac. La vie, la mort aussi En final un chien aboie comme un hurlement Ă  la mort... celle de son maĂźtre ? Tandis que l’on entend le cri d’un nouveau nĂ©. La naissance du langage selon Jean-Luc Godard la rencontre de l’image et du son - le langage du cinĂ©ma - le vrai langage selon JLG et sa mĂ©taphore de l’enfant qui naĂźt Ă  la vie, Ă©bloui par la lumiĂšre et qui crie son Ă©moi. La projection du film Paris, cinĂ©ma Le PanthĂ©on, une petite salle de cinĂ©ma d’art et d’essai, le samedi 24 mai, sĂ©ance de 14 heures. Le palmarĂšs de Cannes n’était pas encore connu. Il serait rendu public le soir, mais cette petite salle avait rĂ©ussi Ă  projeter le film pour les cinĂ©philes fidĂšles ou curieux de Godard. J’étais venu, une demi-heure Ă  l’avance craignant une queue ! Juste un couple devant moi. La petite salle de moins de 150 places Ă©tait encore quasi vide. Elle se remplira dans la demi-heure qui suivit, mais il restera encore quelques places vacantes quand l’écran s’illuminera et s’animera. L’assistance n’est pas de la premiĂšre jeunesse. C’est vrai que le maĂźtre, Jean Luc Godard a dĂ©sormais l’ñge vĂ©nĂ©rable de 83 ans, et certains doivent le suivre depuis longtemps...Chacun a chaussĂ© les lunettes 3D qui lui ont Ă©tĂ© remises Ă  l’entrĂ©e. L’expĂ©rience va pouvoir commencer. Quelques toussotements de ci, de lĂ , vite couverts par la musique du film qui happe violemment les spectateurs dans une tornade sonore, tandis que les premiĂšres images au relief saisissant dĂ©filent. Sans crier gare, nous sommes entrĂ©s dans un autres univers, un univers parallĂšle Ă  celui du commun des mortels, nous sommes plongĂ©s dans l’univers de Godard...Quand les lumiĂšres se rallument dans la salle, aprĂšs une 1H10, le format moyen » choisi par JLG pour ce film, les spectateurs ne poussent pas un cri. Pas d’applaudissements non ? Adieu au langage » laisse sans voix. Si c’était l’objectif de Godard, c’est rĂ©ussi !Il va falloir laisser dĂ©canter un peu avant de retrouver la voix et le langage... Au sortir du cinĂ©ma, la librairie attenante prĂ©sente un choix de livres sur Godard. J’achĂšterai le livre de ZoĂ© Bruneau, actrice, hĂ©roĂŻne du film, En attendant Godard », son journal du tournage. La scĂšne du "crime" Nous sommes en famille », Ă  Rolle, en Suisse, l’atelier, laboratoire, lieu de tournage, c’est aussi la maison de Jean-Luc Godard. C’est ce que nous apprend Olivier SÉGURET de LibĂ©ration qui a rendu visitĂ© Ă  JLG lors du tournage - un intĂ©ressant tĂ©moignage. Dans le puzzle kalĂ©idoscope, dĂ©construit..., on pourrait aussi prendre la mĂ©taphore du jeu de piste, ces tĂ©moignages sont autant de fiches d’information utiles. Dans cette petite maison qui est un domicile, un plateau, un studio et une remise technique, on trouve essentiellement, outre le nĂ©cessaire domestique [...] rien de spectaculaire, Ă  part la taille de certains Ă©crans plasma, mais une quantitĂ© incroyable de petites choses high-tech qui constellent Ă©tagĂšres et placards camĂ©ras flip-flop et camĂ©ras go-pro, smartphones vidĂ©o, petits et grands appareils photos-vidĂ©o, ordinateurs ? Et tous en plusieurs exemplaires, alignĂ©s, numĂ©rotĂ©s. ». Olivier SĂ©guretLibĂ©ration * À Rolle [oĂč Jean-Luc Godard vit depuis trois dĂ©cennies], charmante bourgade sur les bords du Lac LĂ©man, il a fait le vide autour de lui. Il ne vit plus sous le mĂȘme toit que sa compagne, Anne-Marie MiĂ©ville. Il n’a pas d’enfants, dĂ©jeune du plat du jour au bistrot du coin et refuse systĂ©matiquement les invitations, nombreuses, adressĂ©es par les cinĂ©mathĂšques du monde entier. Lorsqu’on lui a remis un Oscar d’honneur en 2010, il n’a mĂȘme pas fait le dĂ©placement Ă  Los Angeles. Jean-Paul Battaggia m’accueille. Il me fait entrer dans le salon-cuisine, puis m’indique l’escalier, au fond. Je gravis lentement les marches qui me mĂšnent Ă  Dieu. La petite piĂšce, un bureau, est jonchĂ©e de livres et enfumĂ©e par son cigare. Le voici enfin, en chair et en os. Le visage a vieilli, les cheveux sont en bataille. L’homme, qui fut le pygmalion d’Anna Karina et l’amant de Marina Vlady, ressemble Ă  un grand-pĂšre un peu nĂ©gligĂ©, avec un pull-over bleu et des doigts jaunis par le tabac. DerriĂšre les grosses lunettes, le regard pĂ©tille. Je me prĂ©sente, il me salue On va y aller. » Florence Colombani *, Vanity Fair* La journaliste a Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©e par JLG pour tourner une des sĂ©quences finales du film, oĂč l’on voit ses mains dessiner une croix de Lorraine. On y entend aussi la voix de Jean-Luc Godard la guidant dans cet exercice. L’USINE A GAZ Devant L’USINE A GAZ Godard, Christian Gregori, de dos, M. Davidson, Marie Ruchat la jeune fille rousse L’autre lieu de tournage se situe Ă  Nyon, en bordure du lac LĂ©man, un banc sous un arbre pour tout dĂ©cor. En arriĂšre plan, dans le film, Ă  plusieurs reprises, sur un muret bas, qui dĂ©limite un enclos attenant Ă  une construction, on voit peint en trĂšs grands caractĂšres rouges USINE A GAZ ». Ce que j’avais pris pour un slogan godardien n’en est pas un, je l’apprendrai dans le livre de ZoĂ© Bruneau [1] - c’est le nom, bien rĂ©el, d’un lieu culturel, une salle de spectacles et concerts prĂȘtĂ©e par la ville de Nyon pour accueillir l’équipe. La Nature est aussi omniprĂ©sente la forĂȘt et l’eau, - celle du lac et des torrents - font partie du scĂ©nario. Les protagonistes Les personnages principaux Un premier couple Josette/GĂ©dĂ©onUn deuxiĂšme coupleCouple miroir, le double du premier, mais, de fait, le couple principal Ă  l’écran Ivitch la jeune femme au chapeau, la jeune femme nue qui descend l’escalier et crĂšve l’écran/Marcus.Les scĂšnes concernant les deux couples alternent ou s’enchevĂȘtrent, voire se superposent dans un montage tout godardien. Un philosophe DavidsonMary Shelleyl’auteure de Frankenstein... Mary Les comĂ©diens. Kamel Abdelli GĂ©dĂ©on / HĂ©loĂŻse Godet Josette, ZoĂ© Bruneau Ivitch / Richard Chevallier Marcus, Jessica Erickson Mary Shelley / Christian Gregori le philosophe Davidson ZOOM... Cliquez l’image. Premier couple l’actrice HĂ©loĂŻse Godet Josette et l’acteur Kamel Abdelli GĂ©dĂ©on, ...ce qui n’est pas trĂšs important Ă  savoir. ...Ne me souviens mĂȘme pas avoir entendu son nom prononcĂ© dans le film.DeuxiĂšme couple ZoĂ© Bruneau Ivitch - dans la vie, la fille de la comĂ©dienne Claire Nadeau, et la petite fille du fondateur de la Quinzaine littĂ©raire Maurice Nadeau dĂ©cĂ©dĂ© en 2013 pendant le tournage du film. Son amant Richard Chevallier Marcus. On entend plusieurs fois, le nom de Marcus citĂ© par Ivitch, elle-mĂȘme appelĂ©e ainsi par les deux couples, intentionnellement, se ressemblent du moins, Ă  l’écran, mais le couple Ivitch/Marcus est plus grand. Josette a une cicatrice distinctive au dessus de la lĂšvre, et signe distinctif d’Ivitch elle porte un chapeau dans les scĂšnes d’extĂ©rieur. L’actrice amĂ©ricaine Jessica Erickson joue le rĂŽle de Mary Shelley, Christian Gregori celui du philosophe. Et c’est Daniel Ludwig qui joue le rĂŽle du mari trompĂ©, dans la brĂšve scĂšne violente oĂč il apparaĂźt, bondissant de sa voiture, un pistolet Ă  la main. Dans les seconds rĂŽles, au gĂ©nĂ©rique Ă©galement Marie Ruchat Marie, la jeune fille rousse, JĂ©rĂ©my Zampatti le jeune homme, Dimitri Basil Percy Shelley. * Dans le journal de ZoĂ© Bruneau En attendant Godard » Dans l’équipe, outre les comĂ©diens nous avons Fabrice[ Aragno] qui s’occupe de toute la technique. Je comprendrai plus tard qu’il est l’ombre de Godard. Il est de toutes les recherches, de tous les essais. ]Je ne sais pas si le film serait le mĂȘme sans lui. Puis Jean-Paul [Battaggia], assistant personnel, rĂ©gisseur, administrateur, secrĂ©taire. Jean-Paul fait tout. Si on veut parler Ă  Jean-Luc, on doit passer par Jean-Paul. Et Jean-Paul sait trĂšs bien entretenir la crainte autour de Godard. Ce premier jour, en les observant tous les deux, je devine un peu mieux leurs rapports. Jean-Paul admire et respecte Ă©normĂ©ment Godard. Il tient Ă  le prĂ©server de tous les tracas du quotidien, de toute intrusion extĂ©rieure. L’équipe est sacrĂ©ment rĂ©duite. Je savais qu’il n’y aurait pas beaucoup de monde mais cĂŽtĂ© technique, ils ne sont que deux. C’est tout. Et ils ne seront jamais plus nombreux En plus de Richard [Chevallier], mon binĂŽme, il y a Marie Ruchat, jeune femme rousse et jolie comme un cƓur et Daniel Ludwig, supposer jouer mon mari violent que je vais quitter. Christian Gregori interprĂšte un prof de philo. Il doit dire son texte assis sur un banc sans bouger. Il est trempĂ©, lĂšvres bleues, il grelotte. Godard se dĂ©fait de sa veste pour lui en couvrir les Ă©paules. Il n’est pas si vicieux que ce que l’on m’a sait ce qu’il veut depuis le temps...Il ne prend pas de gants et place ses acteurs d’une main virile. Parfois presque la journĂ©e nous referons le mĂȘme plan, du mĂȘme point de vue mais avec des camĂ©ras diffĂ©rentes. Mes chaussures Ă  brides, empruntĂ©es Ă  ma mĂšre, sont gorgĂ©es d’eau. En plus d’ĂȘtre un rien trop petites... je suis glacĂ©e et je tremble. Godard, on dirait un clochard suçotant un cigare, en vieille parka marron rafistolĂ©e. Bonnet noir en polaire - Ayez le feu intĂ©rieur me marmonne t-il. Entre deux prises, je me rĂ©chauffe dans sa voiture. Tout est de bric et de broc et ca me fait rire. Je me concentre comme je peux en essayant de faire abstraction des glaçons qui me servent de pieds. Je me dis et redis mes quelques mots de texte. Et me plans plus tard, prĂ©cĂ©dant ses mots d’un clin d’Ɠil - Vous l’avez le feu intĂ©rieur ! A un moment, lors d’un changement de camĂ©ra, alors que je me dirige vers la voiture et lui vers le plateau, nous nous croisons. Pris d’un Ă©lan commun, nous nous donnons une accolade et nous embrassons. Jean-Luc Godard et ZoĂ© Bruneau pendant le tournage © Camille de Chesnay, 2014, en illustration de la premiĂšre page de En Attendant Godard » RTS - Radio TĂ©lĂ©vision Suisse Le chien Rocky Autre protagoniste et pas des moindres, le chien Rocky, C’est lui seul qui est sur l’affiche du film C’est dire le rĂŽle que lui assigne Godard dans le filmVĂ©ritable fil rouge du film, il dĂ©ambule de plan en plan, assurant le lien entre les images et entre les humains. Note. Dans le roman de Clifford D. Simak, un recueil de nouvelles de science-fiction Ă©crit en 1944 Voici les rĂ©cits que racontent les Chiens quand le feu brĂ»le clair dans l’ñtre et que le vent souffle du nord. La famille alors fait cercle autour du feu, les jeunes chiots Ă©coutent sans mot dire et, quand l’histoire est finie, posent maintes questions Qu’est-ce que c’est que l’Homme ? » demandent-ils. Ou bien Qu’est-ce que c’est qu’une citĂ© ? » Ou encore Qu’est-ce que c’est que la guerre ? » Les chiens, alors, se racontent les histoires d’ĂȘtres mythiques, aujourd’hui disparus, qui dans un passĂ© lointain auraient dominĂ© le monde. » * Ce n’est pas l’animal qui est aveugle, dit Godard, mais l’homme, aveuglĂ© par la conscience et incapable de voir le monde. » Citant Darwin et Buffon, il ajoute Le chien est le seul ĂȘtre sur Terre qui vous aime plus qu’il ne s’aime lui-mĂȘme. » Que vous apporte Roxy ? Question posĂ©e Ă  JLG par Philippe Dagen, dans une interview publiĂ©e dans Le Monde du 12 juin 2014. Un lien, entre deux personnes. Le lien dont parlait ce vieux philosophe qui Ă©tait le prof de ma mĂšre, LĂ©on Brunschvicg. C’était une des sommitĂ©s de la philosophie française Ă  l’époque. J’ai lu un petit livre de lui qui s’appelait Descartes et Pascal lecteurs de Montaigne. Descartes, je sais, Pascal, je crois, et Montaigne, je doute. Il disait l’un est dans l’autre et l’autre est dans l’un. citation reprise dans le film. Je trouve intĂ©ressante, trĂšs vivante, cette sensation de trois personnes. J’aime au cinĂ©ma, non pas l’image contre le texte, mais ce quelque chose d’avant le texte, qui est la parole. Le langage, c’est - pour employer le verbe " ĂȘtre " - parole et image. Non pas la parole, la voix ou la parole de Dieu, quelque chose d’autre qui ne peut pas vivre sans l’image. Dans l’image au cinĂ©ma, il y a autre chose, une espĂšce de reproduction de la rĂ©alitĂ©, une premiĂšre Ă©motion. La camĂ©ra est un instrument comme, chez les scientifiques, le microscope ou le tĂ©lescope. Vient ensuite l’analyse des donnĂ©es - on dit les donnĂ©es, mais elles sont donnĂ©es par qui ? Rires. Nature et culture Ce chien, frĂšre de ceux dĂ©jĂ  souvent invoquĂ©s notamment dans Je vous salue Marie et HĂ©las pour moi, puisque les ouvrages sont cent fois sur le mĂ©tier remis fait exister la possibilitĂ© d’une vie d’avant la sĂ©paration entre la nature et la culture, cette culture que Godard dĂ©signe ici de maniĂšre ajustĂ©e comme la mĂ©taphore ». Il tĂ©moigne silencieusement d’un en-deçà du langage. Si le face-Ă -face invente le langage », la dĂ©sintĂ©gration de cette relation d’humain se tenant devant un autre humain - notamment sous l’effet des technologies numĂ©riques - parachĂšve l’anĂ©antissement des puissances de la parole. En ce sens, Soljenitsyne sur un iPhone emblĂ©matise le dĂ©passement du langage, la chute de l’autre cĂŽtĂ©, tandis que le chien convoque un possible redĂ©part, autrement. » CrĂ©dit Nota "autrement", un mot du lexique de Godard. JLG aime aussi dire qu’il fait du cinĂ©ma, autrement. JLG par lui-mĂȘme Je suis du verbe ĂȘtre un chien, qui suit du verbe suivre Godard." » LA BANDE-SON COMMENTEE Partie I LE DEBUT non inclus dans l’extrait de la bande-son prĂ©sentĂ© ici Nous empruntons la description du dĂ©but du film Ă  l’excellente analyse de Jean-Luc Lacuve, CinĂ©club de Caen [2] 1- La nature ». Une petite brocante de livres conduite par deux Ă©tudiants, une jeune fille rousse et un jeune homme. Davidson est assis sur une chaise du parc avec, Ă  l’arriĂšre-plan, un mur sur lequel est Ă©crit en rouge et blanc "USINE A GAZ". Davidson lit L’archipel du goulag et demande Ă  Josette le sous-titre du livre de Soljenitsyne. Il ne veut pas qu’elle le cherche sur internet puisque c’est marquĂ© sur son livre "Essai d’investigation littĂ©raire". Il l’interroge sur ce que fait son pouce sur son smartphone, sur ce qu’il faisait avant. Avant, il poussait rĂ©pond Josette. C’est donc le petit poucet rĂ©plique Davidson, et les icones sont les cailloux. Mais alors, oĂč est l’ogre ? conclut-il. Davidson consulte son smartphone et regarde la page consacrĂ© Ă  Jacques Ellul qui a tout compris "Le nuclĂ©aire, les OGM, la publicitĂ©...". Arrive le mari, dans une grosse voiture avec des hommes de main. Des coups de feu sont Ă©changĂ©s. Le mari s’en prend Ă  Josette qui s’accroche Ă  sa chaise. LA SUITE qui correspond aux extraits de la bande son prĂ©sentĂ©s ci-aprĂšs 2- La mĂ©taphore ». Ivitch est derriĂšre une grille, une main d’homme s’approche de la sienne et, off, il lui propose d’ĂȘtre Ă  son service. Davidson feuillette un livre avec des reproductions de Nicolas de StaĂ«l pendant que, off, une voix parle de 1933 oĂč fut inventĂ©e la tĂ©lĂ©vision et oĂč Hitler accĂ©da au pouvoir. Espoir aujourd’hui insensĂ© ; victoire de ceux qui ont perdu mais ont imprĂ©gnĂ© le monde de leur idĂ©ologie. Ce fut le cas pour NapolĂ©on, vaincu Ă  Waterloo mais qui rĂ©pandit les idĂ©es de la rĂ©volution. Ce fut le cas pour Hitler ; il perdit mais imposa le besoin d’un chef. Devant l’usine Ă  gaz une voiture arrive avec des hommes armĂ©s. Des coups de feu sont Ă©changĂ©s. Les deux jeunes gens de la brocante de livres ont dĂ©cidĂ© de partir pour l’AmĂ©rique. Ivitch prĂ©fĂšre partir pour l’Afrique. Le ferry le Savoie navigue sur les eaux du lac LĂ©man. "Rank, dit la voix off a analysĂ© la proximitĂ© des rĂȘves de l’eau et de l’idĂ©e de naissance". CrĂ©dit Jean-Luc Lacuve, CinĂ©club de Caen [3] Notre transcription de la suite de la bande-son, avec les rĂ©fĂ©rences littĂ©raires en marge Extrait 01 42" [...]H. voix d’homme Je suis Ă  vos ordres [leitmotiv qui sera repris plusieurs fois dans les dialogues] [bruits stridents] Samuel BECKETT L’image La citation complĂšte de Beckett La langue se charge de boue un seul remĂšde alors la rentrer et la tourner dans la.... la boue je reste comme ça plus soif la langue rentre la bouche se referme elle doit faire une ligne droite Ă  prĂ©sent c’est fait j’ai fait l’image. » Nota Les vignettes des livres sont cliquables. Lien sur acheter le livre, ou simplement lire le descriptif. F. [voix de femme] Il faut que j’arrive Ă  tenir jusqu’à la fin[... ?] Et ce n’est pas commode. [...] H. J’ai soif F. La langue rentre dans...La bouche se referme[... ?]C’est fait, j’ai fait l’image. * Extrait 02 1’39’’ Alain BADIOU, Circonstances, tome 6 Le rĂ©veil de l’histoire Le dĂ©but du live Que se passe-t-il ? De quoi sommes-nous les tĂ©moins, mi-fascinĂ©s, mi-dĂ©vastĂ©s ? Continuation vaille que vaille d’un monde fatiguĂ© ? Crise bĂ©nĂ©fique du mĂȘme monde, en proie Ă  son victorieux Ă©largissement ? Fin de ce monde ? AvĂšnement d’un autre monde ? Que nous arrive-t-il donc, Ă  l’orĂ©e du siĂšcle, qui ne semble avoir aucun nom clair dans aucune langue tolĂ©rĂ©e » [Bruits ] H. Que se passe-t-il ?Continuation vaille que vailleD’un monde fatiguĂ© ?Fin de ce monde ?AvĂšnement d’un autre monde ?Que nous arrive-t-il donc, Ă  l’orĂ©e du siĂšcle,Qui ne semble n’avoir aucun nom clairDans aucune langue tolĂ©rĂ©e ? * H. Jeune Homme On vient vous dire au revoir. H. Davidson Alors vous allez aux AmĂ©riques ? F. Jeune fille aux cheveux roux Eh oui Mr Davidson H. Davidson Vous avez de la pacotille ? H. Davidson La philo... [SirĂšne de bateau] Jean Paul SARTRE L’ĂȘtre et le nĂ©ant C’est une dĂ©couverte importante de la pensĂ©e sartrienne, la conscience de l’altĂ©ritĂ© nĂ©cessaire de l’ĂȘtre La conscience est un ĂȘtre pour lequel, il est dans son ĂȘtre question de son ĂȘtre en tant que cet ĂȘtre implique un ĂȘtre autre que lui » La philo est un ĂȘtrepour lequel il est dans son ĂȘtrequestion de son ĂȘtreen tant que cet ĂȘtreimplique un autre ĂȘtre que Davidson Et vous Marie ?Et vous Marie,Vous pourriez aussi dire comme en Europe que le bonheur n’est pas une idĂ©e neuve ? SAINT JUST Le bonheur est une idĂ©e neuve en Europe ». Rapport Ă  la Convention, 3 mars 1794. Avant Saint Just, il y avait eu, bien sĂ»r, des apĂŽtres du bonheur, mais La RĂ©volution française et Saint Just lui donnent un sens politique. L’article 1 de la constitution de 1793 postule de façon explicite que le but de la sociĂ©tĂ© est le bonheur commun », idĂ©e qui sera dĂ©veloppĂ©e dĂšs l’annĂ©e suivante par Saint-Just avec sa cĂ©lĂšbre phrase dans son rapport Ă  la Convention. On ne peut comprendre le sens de cette citation sans rĂ©aliser que les LumiĂšres assignent Ă  l’État un rĂŽle en tout point comparable Ă  celui qu’occupait prĂ©cĂ©demment l’Église. Ainsi, au fil du temps se dĂ©veloppera le concept d’État-providence, le bonheur ici-bas » bien-ĂȘtre occupant la place jusqu’ici dĂ©tenue par le salut dans l’au-delĂ  ». Le bonheur est donc probablement la meilleure expression du matĂ©rialisme de l’époque. Saint Just n’aura guĂšre le temps de donner vie Ă  sa dĂ©claration, il sera guillotinĂ© le 10 thermidor 28 juillet de la mĂȘme annĂ©e. Aujourd’hui, aprĂšs une pĂ©riode de mĂ©pris par les philosophes au profit de la recherche mĂ©taphysique de la vĂ©ritĂ© ou de la rĂ©flexion sur la science, le bonheur reprend du service chez certains philosophes comme AndrĂ© Comte Sponville "Le bonheur, dĂ©sespĂ©rĂ©ment", ClĂ©ment Rosset"La force majeure", Robert Misrahi "TraitĂ© du bonheur", Michel Onfray "L’art de jouir"... [4] F. Ivitch Pour moi, c’est l’Afrique [basculement sur le personnage fĂ©minin d’Ivitch] H. Davidson Bonne chanceWir haben schon [...] das gesagt[Quelques phrases en allemand] H. J’appelle la police F. Il est malade... F. [autre voix Ă©loignĂ©e] Juste une C’est les vacances, on reprend en septembre. * Extrait 03 2’20" [ Tandis que Davidson feuillette un livre d’art sur Nicolas de StaĂȘl, assis sur son banc, avec Ivitch, Ă  ses cĂŽtĂ©s, on entend leurs voix off] F. Ivitch, voix off Alors, deux questions Alors, deux questions Est-ce que la SociĂ©tĂ© est prĂȘte d’admettreLe meurtre comme moyen de faire reculer... [le chĂŽmage] [ces derniers mots du scĂ©nario ont Ă©tĂ© coupĂ©s au montage. C’était pourtant l’incursion ironique et iconoclaste en associant le mot meurtre Ă  chĂŽmage de JLG dans l’actualitĂ© Ă©conomique de notre temps ! JLG a prĂ©fĂ©rĂ© rester elliptique, laissant au spectateur le soin de choisir ce qu’il serait prĂȘt Ă  faire reculer ...par le meurtre.] H. [Davidson, voix off] 2Ăšme question. F. [Ivitch, voix off] Quelle diffĂ©rence il y a ...entre une idĂ©e et une mĂ©taphore ? H. [Davidson, voix off] Une mĂ©taphore est... [la phrase est interrompue] Il faut demander aux AthĂ©niens quand ils prennent le tramway ! [JLG s’amuse. En grec mĂ©taphore » dĂ©signe le tramway] Philippe SOLLERS, Proust et l’expĂ©rience intĂ©rieure » La guerre du goĂ»t Dans un entretien avec Philippe Forest PH. S. - Il est tout Ă  fait clair que l’expĂ©rience intĂ©rieure de Proust, en ce qui concerne le temps, est principale. Commençons par le commencement l’expĂ©rience intĂ©rieure est dĂ©sormais interdite. D’une façon drastique, totalitaire par la sociĂ©tĂ© en gĂ©nĂ©ral et par le spectacle en particulier qui avale tout cela pour projeter sans arrĂȘt le sujet dehors et le couper de sa vie intĂ©rieure. C’est un programme qui est en cours de façon tout Ă  fait saisissante. Commençons par le commencement. L’expĂ©rience intĂ©rieure est dĂ©sormais interditepar la SociĂ©tĂ© en gĂ©nĂ©ral et par le Spectacle en particulier. Vous parliez de meurtre. [Le philosophe feuillette un livre d’art sur Nicolas de StaĂ«l, assis sur un banc, devant le lac LĂ©man, en compagnie de la jeune femme au chapeau.] Ce qu’ils appellent les imagesdevient le meurtre du prĂ©sent. F. [Ivitch] Le prĂ©sent est un drĂŽle d’animal. [bruitage] _ Ca m’est Ă©gal ! [superposition d’images de la scĂšne de la voiture, avec le mari armĂ© d’un pistolet. Mais dans la scĂšne, ce n’est plus Josette comme dans la scĂšne initiale, mais Ivitch, la jeune femme au mari dit une phrase en allemand ] F. [Ivitch] Ca m’est Ă©gal ! [criĂ©, en rĂ©ponse] * H. [Davidson] Quand dit-on la vĂ©ritĂ© ?Platon dĂ©clare Que la beautĂ© est la splendeur de la vĂ©ritĂ©. Une mĂ©taphore de la vĂ©ritĂ©... [Klaxon de voiture] LES ENFANTS JOUENT AUX DES Ils jouent sans connaĂźtre les rĂšgles du jeu », prĂ©cise Olivier SÉGURET de LibĂ©ration, ce journaliste qui s’est rendu chez le maĂźtre » pendant le tournage et a pu dĂ©busquer quelques secrets de fabrication », pour parler trivialement. Bien sĂ»r, il faudrait plutĂŽt dire crĂ©ation ». D’autant plus que pour cette sĂ©quence, JLG avait peut ĂȘtre en rĂ©fĂ©rence, la cĂ©lĂšbre phrase d’Einstein constatant le bel ordonnancement des lois du cosmos et de la physique Dieu ne joue pas aux dĂ©s ». Mais des enfants qui ignorent tout des rĂšgles du jeu peuvent jouer aux dĂ©s. Regardez ! ...Un enfant qui joue aux dĂ©s ! [L’homme se lĂšve, salue en soulevant son chapeau ]Madame ![L’homme s’en va] [Ă  l’image apparaissent un garçon et une fille, 6-7 ans, assis Ă  terre, sur le pavĂ©. Ils jouent aux dĂ©s.] [Ivitch regarde la scĂšne - c’est ce que l’on suppose - des enfants jouant aux dĂ©s derriĂšre une grille - les deux scĂšnes se suivent. Une main d’homme se pose prĂšs de celle d’Ivitch] [Bruit de sirĂšne de bateau] H. [Marcus, voix off] Je suis Ă  vos ordres [leitmotiv] * INTERTITRE 1. LA NATURE Extrait 04 2’45" [Leitmotiv musique] [A l’image, une voiture roulant sur une route enneigĂ©e] H. [On suppose qu’il s’agit de Marcus, voix off] Une fille ou une femmeUne femme ou une fille F. [voix Ă©loignĂ©e] Vous allez le voir [A l’image, la voiture arrive devant un feu rouge signalant des travaux] H. Si j’y suis...J’y suis encore jamais arrivĂ© _Passer au moment oĂč ça change [Phrase en allemand] ...Mao TsĂ© Toung, Che Guevara * [scĂšne d’intĂ©rieur] H. [Marcus, voix off] Vous l’avez connu oĂč ça ? [Ivitch descend un escalier, nue] F. [Ivitch, voix off] A Kinshasa V. S. NAIPAUL À la courbe du fleuve titre original A Bend in the River Se dĂ©roule dans un pays africain sans nom aprĂšs l’indĂ©pendance, La premiĂšre phrase du livre est considĂ©rĂ©e comme emblĂ©matique de la vision du monde de Naipaul Le monde est ce qu’il est ; les hommes qui ne sont rien, qui se permettent Ă  eux-mĂȘmes de ne rien devenir, n’y ont pas leur place "The world is what it is ; men who are nothing, who allow themselves to become nothing, have no place in it."À la courbe du fleuve a Ă©tĂ© candidat au Prix Booker de 1979. Dans la courbe ...du fleuve [image de pieds immobiles d’un homme que l’on peut supposer prĂ©historique... une momie..., mais les pieds finissent par amorcer un mouvement quand l’image change...] [Bruits] H. [voix off] Ca me dit quelque choseUn titre deUn titre de roman[La camĂ©ra a subi une rotation et filme maintenant la scĂšne Ă  l’horizontale, les corps nus d’Ivitch et qui se dĂ©placent dans la piĂšce] F. [voix off] Oui, prix Nobel de littĂ©rature. H. [voix off] Il n’y a jamais de prix Nobel pour la peinture Ni la musique ! F. [voix off] Oui, je sais ! [Bruits] H. [voix off] Eh dans quelle branche il travaillait ? F. [voix off] HĂ©las... [...] H. [Voix en arriĂšre plan] Il ne faudra pas rester lĂ  ! [Josette et GĂ©dĂ©on sont nus dans un lit, un Ă©cran de tĂ©lĂ©vision est allumĂ©. Notez l’effet d’ "Ă©cran-miroir" de la scĂšne ! Un beau plan Ă  la Godard.] F. [Josette] Je vous dis que c’est dangereux. H. [GĂ©dĂ©on] N’ai pas peur JosetteAbsolument pas. F. [Josette] Bien sĂ»r que siAujourd’hui, tout le monde a peur. * ILS APPELLENT LE MONDE LA FORET Extrait 05 2’40" [A l’écran sexe fĂ©minin, pubis poilu, cadrage type L’Origine du Monde » de Gustave Courbet] Les Indiens Apaches de la tribu des ChihuahuasIls appellent le monde la forĂȘt. Jorge Luis BORGES< Dans L’Autre », une nouvelle de Borges publiĂ©e dans le recueil Le livre de sable », Borges fait rencontrer son hĂ©ros avec son double jeune Si cette matinĂ©e et cette rencontre sont des rĂȘves, chacun de nous deux doit penser que le rĂȘveur c’est lui » F. [voix off] Cette matinĂ©e est un rĂȘveChacun doit penser que le rĂȘveur c’est l’autre. H. [voix off] Une femme ne peut pas faire de mal...Elle peut vous gĂȘner, elle peut ...vous tuer mais c’est tout. Jean ANOUILH Antigone Je ne veux pas comprendre. Moi, je suis lĂ  pour autre chose que pour comprendre. Je suis lĂ  pour vous dire non et pour mourir. » A ThĂšbes, les deux fils d’ƒdipe, ÉtĂ©ocle et Polynice, se sont entre-tuĂ©s sous les murs de la ville. Le roi CrĂ©on a ordonnĂ© de n’enterrer qu’ÉtĂ©ocle, laissant sans sĂ©pulture celui qu’il considĂšre comme traĂźtre, Polynice ce qui, selon les Anciens, condamne son Ăąme Ă  errer Ă©ternellement. Quiconque enfreindra la loi sera puni de mort. La sƓur d’ÉtĂ©ocle et de Polynice, Antigone, ose braver l’interdit et dĂ©fier CrĂ©on elle accomplit Ă  deux reprises les rites funĂ©raires. La rĂšgle Ă  laquelle obĂ©it Antigone, est supĂ©rieure au dĂ©cret pris par le roi. C’est une obligation intĂ©rieure, indĂ©pendante des circonstances. Elle affirme la libertĂ© de la conscience. F. [voix off] Vous me dĂ©goĂ»tez tous avec votre bonheur La vie qu’il faut aimer coĂ»te que coĂ»te Moi je suis lĂ  pour autre choseJe suis lĂ  pour vous dire non et pour mourirPour vous dire non et pour mourir. la phrase est rĂ©pĂ©tĂ©e * PEINDRE QU’ON NE VOIT PAS Marcel PROUST, Jean Santeuil Les critiques qui suivirent la projection d’ Adieu au langage », Ă  Cannes ont souvent dĂ©formĂ© la citation en Ă©crivant peindre ce que l’on ne voit pas » alors que la citation exacte est peindre qu’on ne voit pas. » La voix off mentionne immĂ©diatement dans un raccourci godardien Claude Monet » en fin de citation. Et les critiques de tomber dans le piĂšge et d’attribuer la citation Ă  Claude Monet ! Mais elle est de Marcel Proust analysant la toile de Claude Monet Bras de Seine, prĂšs de Giverny. Eh bien sĂ»r, la citation est si prĂ©cise que, JLG le sait. La citation "Quand, le soleil perçant dĂ©jĂ , la riviĂšre dort encore dans les songes du brouillard, nous ne la voyons pas plus qu’elle ne se voit elle-mĂȘme. Ici c’est dĂ©jĂ  la riviĂšre, mais lĂ  la vue est arrĂȘtĂ©e, on ne voit plus rien que le nĂ©ant, une brume qui empĂȘche qu’on ne voie plus loin. A cet endroit de la toile, peindre ni ce qu’on voit parce qu’on ne voit plus rien [5]ni ce qu’on ne voit pas puisqu’on ne doit peindre que ce qu’on voit, mais peindre qu’on ne voit pas." La citation est extraite de Jean Santeuil, ces textes de jeunesse publiĂ©s tardivement aprĂšs la mort de Proust mais qui tĂ©moignent dĂ©jĂ  de l’ acuitĂ© de de l’analyse proustienne. [leitmotiv musique] H. [voix off] Quelques uns d’entre eux ont tirĂ© de la riviĂšre une certaine, certaine [rĂ©pĂ©tĂ© en rĂ©verbĂ©ration] vĂ©ritĂ©Mais aucun d’eux... [phrase interrompue] Quand le soleil perçant dĂ©jĂ La riviĂšre dort encore dans les songes du brouillardNous ne la voyons pas plus qu’elle ne se voit elle-mĂȘmeIci, c’est dĂ©jĂ  la riviĂšreEt lĂ  [arrĂȘt de la musique soulignant les mots qui suivent], la vue est arrĂȘtĂ©eOn ne voit plus rien que le nĂ©antUne brume qui empĂȘche qu’on ne voie plus loinA cet endroit de la toilePeindre ni ce qu’on voitPuisqu’on ne voit rienNi ce qu’on ne voit paspuisqu’on ne doit peindre que ce qu’on voitMais peindre qu’on ne voit pas. Claude Monet DĂšs la naissanceOn nous prend pour un le pousse,On le tire,On le force Ă  entrer dans son personnage. ZOOM... Cliquez l’image. Claude Monet, Bras de Seine, PrĂšs de Giverny, 1897 Huile sur toile, 75 x 92,5 cm, Paris, musĂ©e d’Orsay. H. Vivre ou raconter. F. On dit qu’il n’y a pas le choix. H. Regardez IvitchRegardez dans le miroir Ivitch Influence des thĂšses de Freud sur l’inconscient, et l’ acte manquĂ© », dont Lacan disait Un acte manquĂ© est un discours rĂ©ussi »... F. Il y a les deuxVous voulez dire les 4En fait ne traduit pas ce que l’on fait, MarcusMais ce que l’on ne fait pas. Nous ferons des enfants Je dĂ©teste les personnages. [Leitmotiv musique][Cloches d’église] * SCATOLOGIQUE [L’homme est dans les toilettes de l’appartement, assis sur la cuvette des WC, la porte est ouverte.] Rodin, Le Penseur F. Oui Monsieur [...] F. ...faut que je passe ...DĂ©pĂȘchez-vous [...] H. La sculpture de RodinLe Penseur, vous connaissez [...] F. Je sais pasH. VoilĂ  une image de l’égalitĂ©, [bruits de serrure...] Une fonction, une positionUn instant qui appartient Ă  tout le mondeLe seul, le b a ba de l’égalitĂ©Parce que la pensĂ©e de chacun dans cette situation donnĂ©eLa pensĂ©e retrouve sa place dans le caca * JE VAIS MOURIR, JE NE VEUX PAS VOUS QUITTTER George SAND, Alfred de MUSSET Lettres d’amourĂ©dition prĂ©sentĂ©e par Françoise Sagan Quand Musset rĂ©alise qu’il aime Sand et qu’il ne peut se rĂ©soudre Ă  vivre sans elle, il lui Ă©crit Adieu, adieu, je ne veux pas te quitter, je ne veux pas te reprendre, je ne veux rien, rien, j’ai les genoux par terre, et les reins, brisĂ©s, qu’on ne me parle de rien. Je veux embrasser la terre et pleurer. Je ne t’aime plus mais je t’adore toujours. Je ne veux plus de toi, mais je ne peux pas m’en passer.[...] Adieu, [...],mon seul amour, ma vie, mes entrailles, mon frĂšre, mon sang, allez-vous en, mais tuez-moi en partant. » F. Eh bien oui vous ĂȘtes jeuneVous ĂȘtes dans votre beautĂ©, dans votre forceEssayez donc...Moi, je vais mourir AdieuAdieuJe ne veux pas vous quitterJe ne peux pas vous reprendreJe ne veux rien, rienJ’ai les genoux par terreEt les reins brisĂ©s. [Bruitage] [...]Nous ne nous aimons plus[...]Nous ne nous sommes jamais aimĂ©s[...] Otto RANK Le mythe de la naissance du hĂ©ros JLG reprend ici des thĂšses dĂ©veloppĂ©es par Otto RANK, un temps proche disciple de FREUD avant de s’en Ă©loigner, et dĂ©veloppĂ©es notamment dans ses ouvrages - Le mythe de la naissance du hĂ©ros - Le traumatisme de la naissance son ouvrage le plus connu et qui a marquĂ© les dĂ©buts de la psychanalyse. H. Dans les mythes relatifs Ă  la naissance des dieux[...]L’immersion dans l’eau Et le sauvetage [... ?]Jouent un rĂŽle analogue aux reprĂ©sentations de la naissanceQui se manifestent dans le rĂȘve. EH BIEN, QU’IL MEURE ! Extrait 06 1’00" [Leitmotiv musical, accostage bateau][bruitage] F. J’entends Jeune fille aux cheveux roux Il dit qu’il meurt ! [Bruit d’écoulement d’eau dans la baignoire/bassin extĂ©rieur en ciment, et image d’eau mĂȘlĂ©e de sang] Eh bien, qu’il meure ! * AH DIEUX Extrait 07 2’05" [musique] L’INTELLIGENCE DES CORBEAUX [CoĂŻncidence la rubrique Sciences du JDD du 8 juin contient un article sur l’intelligence des corbeaux. Comment imaginer que ces images de corvidĂ©s soient prĂ©sentes par hasard dans le film de JLG ? Adieu au langage qui fait la part belle Ă  la Nature et au monde animal l’homme n’est pas le seul Ă  partager le monde, pas le seul Ă  partager langage » et intelligence ». Les corvidĂ©s choucas, corbeaux freux, corneilles, grands corbeaux... affichent des performances Ă©tonnantes, parfois similaires Ă  celle des singes... et des humains sens de l’observation, perception du temps, conscience de l’autre... Une rĂ©cente expĂ©rience filmĂ©e par la BBC nous montre un corbeau de Nouvelle CalĂ©donie qui a rĂ©ussi Ă  rĂ©cupĂ©rer de la nourriture en effectuant huit tĂąches successives dans un ordre donnĂ© Attraper des cailloux, les empiler dans une boĂźte pour ouvrir une trappe qui libĂšre un bĂąton assez long pour attirer la nourriture jusqu’à lui... Il commet quelques erreurs, mais c’est impressionnant » nous dit ValĂ©rie Dufour, chercheuse en Ă©thologie et Ă©volution Ă  Strasbourg IPHC/CNRS [...] En proportion, l’aire analogue au cortex prĂ©fontal des primates zone de l’apprentissage et des associations est presque aussi dĂ©veloppĂ©e chez les corvidĂ©s que chez l’homme. ». Adultes, ces monogames s’installent en couple jusqu’à la fin de leurs jours Vivre Ă  deux et entrer en interaction avec d’autres favorise l’adaptation et implique de mĂ©moriser nombre d’élĂ©ments. D’autant qu’ils vivent jusqu’à 15 ans, voire 40 ans pour les grands corbeaux en captivitĂ©. » ajoute la chercheuse. ...Le face-Ă -face des corbeaux ! JLG aurait aimĂ© cet article qui contient diverses autres observations trĂšs Ă©tonnantes. H. [voix off] Il existe, vous le savez, depuis 20 ou 30 ansUne dĂ©claration universelle des droits de l’animal[A l’image, le chien dĂ©ambule dans la nature]Elle comporte dix articlesElle fut mise au point 200 ans aprĂšs 1789. [A l’image, un corbeau » s’envole et croasse, des oisillons corbeaux, becs grandement ouverts, fond de la gorge rouge, rĂ©clament la becquĂ©e, ...puis le chien au bord d’un torrent, la musique s’interrompt brusquement] Paul VALERY Aphorismes* Regards Des regards qui se rencontrent font naĂźtre d’étranges ne pourrait penser librement si ses yeux ne pouvaient quitter d’autres yeux qui les suivraient. DĂšs que les regards se prennent, l’on n’est plus tout Ă  fait deux, et il y a de la difficultĂ© Ă  demeurer seul. » * PubliĂ© dans La Nouvelle Revue Française N° 204, 1er septembre 1930 H. [voix off] Personne ne pourrait penser librement si ses yeux ne pouvaient quitter d’autres yeux qui les suivraientDĂšs que les regards se prennent,on n’est plus tout Ă  fait deuxIl y a de la difficultĂ© de rester seul. * Extrait 08 2’38" [ParenthĂšse musicale. A l’image, un train arrive en gare, freine et siffle. Image de torrent et bruits de l’eau du torrent. Rocky se roule et s’ébroue dans la neige, puis autre saison, c’est l’automne, cimes des arbres aux belles couleurs rousses sursaturĂ©es dans une danse tournante de la camĂ©ra sur fond musical plein d’allĂ©gresse derniĂšre danse de la fin de l’étĂ© ? de l’automne de la vie ? Puis image de Rocky, Ă  l’arrĂȘt, dans la neige, oreilles dressĂ©es...] H Il y a de la difficultĂ© de rester seul [rĂ©pĂšte la voix off][Autre saison, Rocky marche dans l’herbe verte au bord d’un champ labourĂ©]Ce n’est pas l’animal qui est aveugleMais l’homme, aveuglĂ© par la conscienceEst incapable de regarder le mondeCe qui est dehors est-il la vĂ©ritĂ© ? [Rocky semble-t-il au mĂȘme endroit, mais le paysage est maintenant enneigĂ©. Rocky regarde la camĂ©ra] Nous ne le savons que par le regard de l’animalEt Darwin citant BuffonAffirme que le chien est le seul ĂȘtre sur terreQui nous aime plus qu’il ne s’aime lui-mĂȘme * L’OMBRE DE DIEU [ Ombre de femme sur une route enneigĂ©e. La nuit est noire, la route est Ă©clairĂ©e au niveau du sol, phares de voiture, projecteurs, l’ombre noire se dessine longiforme, sur le blanc de la neige] [Ombre d’homme entrant dans le champ] NIETZSCHE ET L’OMBRE DE DIEU Voir la suite IIĂšme partie * F. L’ombre de Dieu !Ne m’appelle pas... [la suite n’est pas distinctement comprĂ©hensible] H. Tout le monde prĂ©fĂšre qu’il n’y ait pas de personne ne le sait [on entend fait » et non pas sait » [...?] F. DĂ©solĂ©e. H. [...?] Non, pas vous Josette. F. ...Rien n’est Ă©puisĂ©,Rien n’était mĂȘme abordĂ© Ă  ce moment de l’ cause mĂȘme...[...][Bruit industriel, Images de fonderie industrielle ? Masse lumineuse, ... en fusion ? Images non stabilisĂ©es de lumiĂšres de phare sur une route ? ][Image de station service, voiture Ă  l’arrĂȘt prĂšs d’un distributeur d’essence. C’est la nuit. Les images ne sont pas nettes. Le dialogue se poursuit entre l’homme et la femme, mais n’est pas distinctement comprĂ©hensible] H. Allez, dĂ©gage sac de puces [Ă  l’adresse du chien Ă  l’arriĂšre de la voiture. L’homme se tient debout devant la portiĂšre arriĂšre ouverte] _ Allez ! [Klaxon] * Extrait 09 2’17" [Images d’intĂ©rieur, le chien se promĂšne dans la maison, son d’émission tĂ©lĂ©] F. Tu habites cette maison depuis longtemps H. Pourquoi tu dis depuis longtemps » ? Tu habites cette maison » ? suffit. F. S’il m’en parle, en mĂȘme temps... [... ?] * LE FACE-A-FACE INVENTE LE LANGAGE LE FACE-A-FACE INVENTE LE LANGAGE La formule de Godard est merveilleusement ramassĂ©e. Mais que sait-on de l’invention du langage ? D’un point de vue palĂ©ontologique, c’est l’Homo habilis, il y a plus de deux millions d’annĂ©es, qui pourrait ĂȘtre le plus ancien prĂ©humain Ă  avoir employĂ© un langage articulĂ©, ce qui ne signifie pas pour autant que cet hominidĂ© ait usĂ© d’un langage comparable au nĂŽtre. On suppose la prĂ©existence d’une proto-langue chantĂ©e par la race de l’homme de NĂ©andertal the singing Neandertal, qui, au niveau de connaissance actuelle, ne possĂ©dait pas de syntaxe. Notons que Godard accrĂ©dite aussi la thĂšse musicale en faisant suivre son aphorisme de Si do rĂ© mi fa sol la si... » La vision rousseauiste de l’origine du langage et son Ă©volution passe aussi par des chants mĂ©lodiques qu’il associe aux passions humaines. Premiers face-Ă -face ! Autre variante de face-Ă -face avancĂ©e pour les Homo erectus, par Michael C. Corballis, de l’universitĂ© d’Auckland la thĂšse d’une origine gestuelle du langage proche de celle employĂ©e par les sourds-muets... ...Pourquoi pas le geste et le chant ? Si do rĂ© mi fa sol la si... » H. Le face Ă  face... [en fond sonore, dialogue en anglais d’un film Ă  la tĂ©lĂ©vision] F. Si... H. le face Ă  face... F. Si... H. le face Ă  face invente le langage. F. Si do rĂ© mi fa sol la si...H. La... [dialogue en anglais du film] H. La...[silence] MIROIR ĐŻIOĐŻIM Comment expliquer cela ? En rĂ©alitĂ©, il est un peu abusif de dire que le miroir Ă©change la gauche et la droite. Certes, lorsque vous levez votre main gauche, votre reflet lĂšve sa main droite »... mais cette main est celle qui est situĂ©e Ă  gauche du miroir, juste en face de votre main gauche. Il s’agit donc bien du reflet de votre main gauche, mais vous aurez tendance Ă  la considĂ©rer comme une main droite » que parce que vous vous imaginez Ă  la place du reflet. encore un mauvais tour de notre Ă©gocentrisme qui s’imagine au centre de l’image, comme au centre du monde. Gauche et droite ont Ă©tĂ© inversĂ©s [dans le miroir] Mais pas le haut et le bas Pourquoi ? [difficile Ă  expliquer, mais effet de nos sens abusĂ©s] [musique] * PAS DE POURQUOI Extrait 10 2’25" [Ce visage de femme Ă  l’écran. Celui de Josette.] F. Voix seule sans fond sonore Lorsqu’il entra dans la chambre Ă  gazUn enfant demanda Ă  sa maman, pourquoi ?Et un SS cria Hier ist kein warum. »Pas de pourquoi ! * H. [voix seule sans fond sonore] Quand je faisais des maths,On nous apprenaitLa courbe de Laurent Schwartz-Dirac, [6] _ Infinie en tous ses points,Sauf en un oĂč elle est nulle. [TĂ©moigne de l’intĂ©rĂȘt de Jean-Luc Godard pour les mathĂ©matiques et les sciences, n’hĂ©sitant pas Ă  tenter de rĂ©sumer ici, un concept trĂšs pointu, extrĂȘmement difficile Ă  rĂ©sumer avec des mots simples.] F. [voix seule] Ou le contraire. H. [voix seule] ...Et de grandes inventions l’infini et le zĂ©ro. F. [voix seule] Les mots, le sexe et la mort. H. [voix seule] Seuls les ĂȘtres libresPeuvent ĂȘtre Ă©trangers les uns des autres,Ils ont une libertĂ© communeMais prĂ©cisĂ©ment, cela les sĂ©pare. [Bruitage, musique, A l’image le chien, la femme est nue] F. Il y a quatre ansVous m’avez donnĂ© l’adresse...Vous avez oubliĂ© ? FAITES EN SORTE QUE JE PUISSE VOUS šPARLER BLANCHOT L’attente l’oubli faites en sorte que je puisse [vous] parler »que la femme reformule plus avant, en persuadez-moi que vous m’entendez » F FaĂźtes en sorte que je puisse vous parler. H. Je dois quoi faire ? [Cris de chien, plaintifs] F. Persuadez-moi que je dois [... ?] H. Je ne dirai presque rien Je cherche la pauvretĂ© dans le langage * Extrait 11 1’51" F. Ou tu vas bordel ? H. Je vais te montrer EVANGILES Dieu rĂ©siste aux orgueilleux mais donne sa grĂące aux humbles » Jacques Godard a Ă©tĂ© Ă©levĂ© dans la confession protestante. F. Il n’a pas pu faire de nous... Il n’a n’as pas pu faire de nous ...des humbles. H. Qui ça ? F. ...Ou pas su ou pas voulu !Alors il a fait de nous des humiliĂ©s ! H. Qui ça ? F. Dieu ! [bruitages stridents et divers] * [hĂ©licoptĂšre Ă  l’image, musique] Victor HUGO Les ChĂątiments Dans ton cirque de bois, de coteaux, de vallons,La pĂąle mort mĂȘlait les sombres bataillons. » Dans le poĂšme de Viktor Hugo, les deux vers citĂ©s par JLG suivent ceux-ci Waterloo ! Waterloo ! Waterloo ! morne plaine ! Comme une onde qui bout dans une urne trop pleine, ». Dans ton cirque,De bois, de cĂŽteaux, de vallons,La pĂąle mort, MĂȘlĂ©e Ă  des sombres bataillons... * Extrait 12 3’12" [patchwork chaotique de sons et d’images dont il Ă©merge des bribes de dialogue audibles ou inaudibles. A l’image une voiture roule sur une route, phares allumĂ©s, la camĂ©ra est Ă  l’intĂ©rieur. Images de la route ou des cadrans ronds du tableau de bord] [bruitages] H. Je suis Ă  vos ordres leitmotiv [stridences] F. OĂč allez vous ? H. LĂ  oĂč il faut ! F. A KinshasaUn journaliste m’a racontĂ© une histoireA propos de Mao Tse ToungIl voulait savoir ce qu’il pensait de la rĂ©volution de 1789...Ah, un grand silence !Il a rĂ©pondu que c’était trop tĂŽt pour le savoirEt vous savez qu’en russe, camĂ©ra » veut dire prison ? [ bruit dialogue inaudible] La Russie ne fera jamais partie de l’Europe F. Si jamais des Russes deviennent des EuropĂ©ens, ça ne sera plus jamais des Russes. [image de voiture, arrivant au niveau d’un feu rouge signalant des travaux] H. ...J’y suis jamais arrivĂ© passer au vert sans ralentir F. Il y’a qu’à employer une formule d’autrefois Abracadabra, Mao TsĂ© Toung, ChĂ© GuĂ©vara ! * [Bruits stridences] F. Pourquoi vous ĂȘtes lĂ  ? H. Parce qu’il n’y a pas d’autres personnes !...En Afrique il y a quelque chose Ă  voir ?[La camĂ©ra filme alors le couple, nu, dans une scĂšne d’intĂ©rieur, dĂ©ambulant dans un salon. Images tronquĂ©es de troncs, de jambes. L’homme masse les cuisses de la femme. L’homme se rhabille. Visage de la femme, assise. Elle retire des roses du vase sur la table et les sens]_ F. Le silence... il y a mille sons,il y a la guerre,il y a les animaux,le silence arrive...Et puis, ...un autre paysouvre la porte,Il te parle. H. [... ?]Il agit contre la libertĂ© pure. Je parle » sujet. F. ...Faut pas que je reste lĂ  ! H. J’écoute » objet. [silence, image de la femme assise, nue, elle fume une cigarette, prend une rose du vase devant elle et la sent...] H. voix seule Vous avez renoncĂ© Ă  tout...renoncĂ© [...ez, er ?] Ă  la libertĂ© elle-mĂȘme, et tout...[L’homme rit bruyamment] F. Il va falloir qu’on engage un interprĂšte... * Voir aussi Bande son commentĂ©e IIet L’article de * [1] ZoĂ© Bruneau, En attendant Godard, Editions Maurice Nadeau, 2014[4] CrĂ©dit d’aprĂšs Wikipediia bonheur[5] devenu puisque qu’on ne voit rien » dans le film[6] Laurent Schwartz-Dirac 1915-2002, Paris est l’un des grands mathĂ©maticiens français du XXe siĂšcle, le premier Ă  obtenir la mĂ©daille Fields l’équivalent du prix Nobel en mathĂ©matiques, en 1950. Un message, un commentaire ? Ce forum est modĂ©rĂ©. Votre contribution apparaĂźtra aprĂšs validation par un administrateur du site. 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Compte-rendu de la recherche pour DES VOIX COMME CA HUGO EN A EU BEAUCOUP Lors de la rĂ©solution d'une grille de mots-flĂ©chĂ©s, la dĂ©finition DES VOIX COMME CA HUGO EN A EU BEAUCOUP a Ă©tĂ© rencontrĂ©e. Qu'elles peuvent ĂȘtre les solutions possibles ? Un total de 21 rĂ©sultats a Ă©tĂ© affichĂ©. Les rĂ©ponses sont rĂ©parties de la façon suivante 1 solutions exactes 0 synonymes 20 solutions partiellement exactes

des voix comme ca hugo en a eu beaucoup